Algérie

Quel choix devant les sportifs '



Quel choix devant les sportifs '
Les discussions des Algériens tournent, ces jours-ci, autour de la compatibilité du Ramadhan avec les entraînements sportifs et les matches en cette période de grande chaleur. Dans la perspective du match Algérie-Zimbabwe, prévu le 6 septembre à 22 h au stade de Blida, les avis sont partagés sur l'attitude que doivent adopter les joueurs de l'équipe nationale de football. Les chauvins de l'EN n'hésitent pas à lâcher une sentence sans appel : « Pour l'emblème national, on doit bien avoir une fetwa (édit religieux) pour permettre aux joueurs de bien se préparer », ose déclarer Djamel, quadragénaire, devant un groupe de jeunes fans des Verts qui ont applaudi cette audace dans le quartier populaire de Belouizdad, à Alger. Pourtant, Rafik Saïfi s'accroche, coûte que coûte, à observer le jeûne du Ramadhan et ne veut entendre parler d'aucune fetwa. Lui qui a suscité la colère de son entraîneur Alain Perrin à Troyes à cause du Ramadhan. Abdelkader Ghezzaï, attaquant algérien évoluant dans l'équipe de Sienne (Italie), a adopté une autre attitude : « Je jeûne les jours sans entraînement ni match et j'ai toujours observé le jeûne du Ramadhan », a-t-il déclaré aux médias. « Mais dès que je suis devenu professionnel, j'ai dû changer mes habitudes pour des raisons de santé », a-t-il ajouté.S'entraîner le soir, se nourrir, se réhydrater et dormir suffisamment sont les consignes recommandées par les médecins dans ce domaine pour éviter de tomber, devant ce choix difficile entre le devoir religieux et l'avis médical. Jusqu'à maintenant, il n'existe aucune autorité qui puisse « obliger un sportif à rompre le jeûne pour une question de performance », avoue le médecin sportif d'un club algérois. L'exemple d'un joueur comme Hatem Ben Arfa, le Marseillais d'origine tunisienne, qui a opté pour « une dispense religieuse » les jours de match n'est pas près d'être suivi. Il n'y a qu'à voir comment, dimanche dernier, le match disputé par l'Inter Milan contre Bari avait conduit l'entraîneur de l'Inter, José Mounriho, à faire sortir le milieu de terrain ghanéen Sulley Muntari après seulement une demi-heure de jeu. Mécontent du rendement de son joueur, Mounrihou avait justifié cette décision en déclarant : « Muntari a eu des problèmes liés au Ramadhan. Peut-être que par cette chaleur, ce n'est pas une bonne chose pour lui de le faire » tout en ajoutant que « le Ramadhan n'arrive pas au moment idéal pour un joueur de football ». Un imam officiant dans une mosquée à Alger, sous couvert de l'anonymat, soutient que « le problème ne concerne pas seulement les sportifs mais également d'autres catégories comme les pompiers qui seraient sur le terrain d'un feu ou des travailleurs comme ceux de la fonderie d'El Hadjar à Annaba ». De ce fait, « ils doivent se déterminer par rapport aux risques de leur activité professionnelle », indique ce théologien, tout en précisant que « le choix est celui du concerné d'accomplir la journée de jeûne ou de le rompre sur la base d'une fetwa ». Abdelhak Bencheikha, ex-entraîneur du Club africain avec lequel il a décroché la saison passée le titre de champion de Tunisie, avait négocié avec la direction de cette équipe pour programmer les séances d'entraînement le soir durant le mois de jeûne. Une manière à lui de ne pas se retrouver face à une polémique qui aurait pu compliquer sa mission et ses rapports avec les joueurs du club.En Egypte, Ibrahim Nigm, porte-parole de Dar Al Ifta, une institution chargée de clarifier les principes religieux et d'énoncer des décrets, a expliqué que « si un joueur doit participer à des matches et que le jeûne affecte ses performances, alors il peut rompre ce jeûne ». Une fetwa édictée en vue de la Coupe du monde des moins de 20 ans qui se déroulera en Egypte à partir du 24 septembre prochain, afin que le jeûne n'affecte pas l'entraînement des joueurs. Cependant, « les joueurs ont refusé. Ils insistent pour observer le jeûne », a déclaré à l'AFP Alaa Abdelaziz, porte-parole de la Fédération égyptienne de football. Pour les oulémas d'Al Azhar, « jouer, c'est jouer, ce n'est pas une activité essentielle dans la vie qui justifie de rompre le jeûne du Ramadhan », indiquent-ils sur leur site internet. Pour sa part, le le docteur Yacine Zerguini a « la conviction que la pratique du Ramadhan n'est pas totalement incompatible avec la pratique du football de haut niveau, pour peu qu'on s'y prépare. Il est pour cela primordial de savoir avec précision les effets du jeûne sur l'organisme des footballeurs, pour adapter les programmes de préparation et d'entraînement, ainsi que les schémas nutritionnels ».Il faut relever que le débat autour de cette question ne concerne pas uniquement les pays musulmans, mais est fortement animé dans les pays occidentaux où plusieurs sportifs sont de confession musulmane.


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