Algérie

"Quel avenir pour les frontières '"



Enrichissante rencontre que celle organisée, dimanche, par l'Institut français de Annaba en partenariat avec l'hôtel Sabri autour du thème du bornage des frontières transnationales et de l'aspiration qu'ont pu nourrir les hommes quant à l'effacement de celles-ci ces dernières années. "Quel avenir pour les frontières '", telle est la question à laquelle a tenté de répondre le grand spécialiste français des relations internationales Bertrand Badie, professeur des universités à Sciences-po, lequel a publié de nombreux ouvrages sur ce thème dont le plus récent porte le titre évocateur "Nous ne sommes plus seuls au monde". Aidé en cela par Jean-Marie Durand, le rédacteur en chef des rubriques "Idées" et "Télé" du magazine français Les Inrockuptibles, qui a fait montre d'une maîtrise du sujet en assurant le rôle de modérateur de cette conférence, le professeur Badie a longuement parlé de la désillusion de ceux qui ont pu croire naïvement à la disparition des frontières à la faveur de l'accélération de la mondialisation et des flux migratoires, qui en ont découlé. "Un espoir, qui a été avivé au lendemain de la chute du mur de Berlin, en 1989 et qui a bercé les consciences tout au long des années 1990", a expliqué l'hôte de l'Institut français de Annaba. Et de constater que les frontières continuent en 2017 de structurer les échanges internationaux.Toujours à ce propos l'intervenant regrettera que les conflits les plus âpres portent, aujourd'hui encore, sur le bornage des territoires.
Dispensant un magistral cours de géopolitique, Bertrand Badie fera noter à l'assistance qu'à l'heure actuelle et peut-être plus que jamais auparavant les hommes de toutes les parties du monde s'attellent à délimiter frénétiquement les espaces, posent de plus en plus de clôtures. Tant et si bien que les frontières, terrestres et maritimes, sont devenues un marché florissant.
Optimiste, toutefois, il soutiendra qu'au rythme où elle va, la mondialisation ne rendra plus possible les postures nationales actuelles, l'intérêt national n'étant soi-même qu'une fiction dans un nouveau temps politique, économique et social, qui en contredit les principes. Ces constats et les messages d'espoir qu'a lancé l'éminent spécialiste ont suscité, comme on pouvait s'y attendre, un débat passionnant au sein de l'auditoire composé principalement d'universitaires et d'étudiants. On regrettera l'absence à cette rencontre de Michel Foucher, géographe et diplomate titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au collège d'études mondiales et auteur, entre autres livres, Retour des frontières.
Les organisateurs de la conférence signalent, par ailleurs, que Michel Foucher et Bertrand Badie ont construit ensemble un dialogue dans un essai intitulé "Vers un monde néo-national '", publié par CNRS Edition.
A. Allia


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