Algérie

Quel avenir pour le partenariat franco-algérien '



Les questions économiques ont toujours été au centre des relations franco-algériennes. Un partenariat d'égal à égal reste possible, tout en faisant le travail de mémoire.
Cependant, pour réussir ce partenariat, il convient de laisser de côté le marketing politique et reconnaître la réalité du terrain.
LA SITUATION FINANCIÈRE DE LA FRANCE
Le mardi 9 octobre, les députés français se sont prononcés en faveur du pacte budgétaire européen TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) pour sortir de la crise. Ce Pacte budgétaire impose aux Etats signataires de limiter à 0,5 % du PIB leur déficit structurel, c'est-à-dire le déficit hors mesures exceptionnelles et temporaires. Les économistes français estiment que leur gouvernement doit trouver 30 milliards d'économies supplémentaires pour respecter ses engagements. En signant le TSCG, l'Etat français aurait perdu une petite partie de sa souveraineté, car il est contraint d'accepter des contrôles en amont. En clair, il doit soumettre au Conseil européen (non élu) son projet de loi de finances et son projet d'émissions de dette. S'il ne respecte pas ses engagements, il paiera une amende qui pourrait atteindre 0,1 % du PIB. Et dans le cas où il ne trouve pas de solution, il risque de brader les services publics au privé. D'autre part, la France paie annuellement près de 50 milliards d'intérêts aux banques privées. En effet, l'article 123 du Traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre 2009, interdit à la Banque centrale européenne (financée par les Etats) d'accorder des crédits aux autorités publiques et aux entreprises publiques. La Banque centrale européenne prête aux banques privées des sommes colossales à taux d'intérêt de 1 %, puis cet argent est prêté aux Etats à un taux d'intérêt atteignant 6 % ! Pour les Français qui cherchent une solution durable à la crise, la renégociation des traités européens s'avère inévitable. La renégociation du pacte budgétaire et de l'article 123 du Traité de Lisbonne permettrait au gouvernement français de régler ses problèmes budgétaires. Sinon, la situation financière de la France doit susciter beaucoup de points d'interrogation chez le partenaire algérien qui veut des investissements durables et socialement responsables. Il faut admettre que dans l'état actuel, il sera difficile pour le gouvernement français d'investir ou d'encourager massivement les investissements à long terme, même sur son sol, car le pacte budgétaire européen exige des solutions rapides.
LE DEFI DE L'ECONOMIE ALGERIENNE
Parfois, on a l'impression que notre partenaire européen essaie de nous enfumer. L'Etat algérien n'a aucun intérêt à s'engager dans des unions supranationales, sous prétexte de faciliter la mobilité des personnes et les échanges commerciaux. Les Algériens ne tiennent absolument pas à ce que les lois votées par l'Assemblée algérienne soient dictées par des étrangers qui siègent quelque part en Méditerranée. Pour réussir un partenariat avec l'Algérie, le partenaire européen doit avant tout cesser de prendre la République algérienne pour une monarchie pétrolière qui dit oui à tout. Toutefois, reconnaissons que certains politiciens français essaient tant bien que mal de construire un partenariat d'égal à égal avec l'Algérie et de rompre avec les banques qui pourrissent l'économie de leur pays. Le partenaire français a des opportunités d'investissement importantes en Algérie, aussi bien dans le secteur industriel que dans le secteur technologique. En effet, le gouvernement algérien s'apprête à débloquer plus de 200 milliards de dollars pour faire décoller l'économie algérienne. Le projet de construction d'un pôle de biotechnologie, l'investissement dans les énergies renouvelables et le plan de relance du secteur agricole sont autant de marqueurs révélateurs de ses ambitions. Le défi est sérieux, mais il faut avouer que l'économie algérienne a peu de chances de réussir son décollage tant que la bureaucratie et la corruption continuent de pénaliser la société algérienne.
Belhaouari Benkhedda, universitaire


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