Algérie

Quel avenir pour la Tunisie'



Quel avenir pour la Tunisie'
Une vue de Tunis-villeLa Tunisie a entamé un véritable virage vers la stabilité institutionnelle. Autrement dit, elle est mise sur les rails vers la démocratie avec comme unique obstacle majeur, incontournable: le terrorisme.Faisant suite à l'excellent article de M.Brahim Takheroubt, (mardi 9 septembre 2014), concernant la visite du Premier ministre à Tunis, quelques éclairages sur la relation algéro-tunisienne sont indispensables, notamment à la veille des élections législatives. Deux éléments essentiels ont retenu mon attention dans la déclaration ministérielle: le soutien indéfectible sur le plan sécuritaire et «la main dans la poche algérienne», aide désintéressée, financière octroyée par deux fois à la Tunisie. La Tunisie a entamé un véritable virage vers la stabilité institutionnelle. Autrement dit, elle est mise sur les rails vers la démocratie avec comme unique obstacle majeur, incontournable: le terrorisme. Sur ce point précis et du point de vue de la stratégie de sécurité régionale, le soutien algérien est inévitable pour l'Algérie. Toute sa frontière Sud-Est est ébranlée, sa souveraineté secouée, son existence compromise lui impose fatalement cette position inéluctable vis-à-vis de la Tunisie. Celle-ci s'est dotée d'une Constitution et se prépare à la tenue d'élections législatives. Les composantes de la société civile ont joué pleinement leur rôle et l'affrontement attendu entre les islamistes et les laïqus a été évité de justesse. Enfin, les femmes «émancipées», malgré une atmosphère presque pas propice, ont pu «sauver» les acquis qui font jalouser les Maghrébines. Ce tournant irréversible éloigne d'ailleurs la Tunisie (la première à avoir inauguré le printemps arabe) des situations actuellement vécues par les autres printemps arabes à l'exception probablement de l'Egypte même si le train égyptien s'est engagé dans une voie opposée au tunisien. Il faut souligner que pour ces deux pays, les deux dictateurs, l'un s'est enfui, l'autre s'est retiré sous la pression de l'armée qui lui a émis quelques garanties (l'avenir peut confirmer ou infirmer). Seule, la Libye a connu directement la liquidation du dictateur par la violence via l'intervention directe étrangère. Le peuple libyen désarmé s'est éveillé avec sur sa terre natale, une multitude de groupes armés chacun se prévalant de l'avoir débarrassée et non libérée de l'infâme dictature.La stabilisation liée au Sahel où l'Algérie joue actuellement une partition indispensable à la paix régionale, la situation explosive en Libye, tous ces paramè-tres n'offrent aucun autre choix à l'Algérie que d'apporter une aide multiforme à la Tunisie. Mais cette dernière ne doit pas omettre de se pencher sérieusement sur les questions épineuses de la relation bilatérale relative au contentieux immobilier de l'Etat et des particuliers algériens, du séjour de nos ressortissants établis dans le pays, de l'élargissement des prisonniers algériens méritants et de l'amélioration des conditions d'incarcération des autres Algériens qui ont subi d'horribles et scandaleuses tortures sous l'ancien régime, l'accueil qui laisse à désirer de nos touristes algériens, notamment si l'on considère leur apport financier appréciable au Trésor tunisien face à la défaillance touristique occidentale, l'exonération de la taxe ou la mise en oeuvre de sa réciprocité malgré que le flux algérien est supérieur au tunisien, de cesser d'utiliser le label algérien pour des produits tunisiens de mauvaise qualité, particulièrement la datte Déglet Nour etc. Tout cela constitue la relation bilatérale. Pour ce qui est de la transition en Tunisie: elle a bel et bien été déclenchée avec cependant le spectre de déstabilisation du pays par la présence du terrorisme de plus en plus actif; le handicap de la révolution tunisienne est de n'avoir pas procédé au démantèlement de l'ancien régime comme on l'entend dans une véritable révolution digne de ce nom. La rédaction d'une nouvelle Constitution a été la préoccupation principale de la classe politique dans le but d'aboutir à des élections libres et démocratiques, mais paradoxalement créant une distance dangereuse entre les questions purement politiques et les aspirations populaires immédiates socio-économiques, ces deux objectifs ont été menés à leur début par un gouvernement de coalition (Frères musulmans - laïques).Sur le plan régional: certainement l'expérience de l'«ex-FIS» en Algérie et l'exemple égyptien de l'éviction du président élu, (même si en Tunisie, une intervention militaire est exclue en raison de l'absence totale de l'armée dans le jeu politique, l'ancien régime s'étant reposé sur la police d'où émane son chef suprême, l'armée a d'ailleurs refusé de répondre à son appel avant sa fuite), tous ces éléments ont donné matière à réfléchir aux islamistes tunisiens en adoptant une nouvelle et inédite stratégie d'accession au pouvoir. La détérioration du climat socio-économique n'est pas facile à évacuer et Ennahda l'a bien compris d'autant que les caisses de l'Etat sont misérablement vides; l'avenir du pays est suspendu à l'après-élections législatives, (26.10.2014 et le président de la République connu le 23.11.2014), puisqu'il consacrera la couleur du pouvoir tunisien, du moins jusqu'en 2019 et déterminera le poids de la place occupée par les islamistes dans le futur paysage politique. Sur le plan international: la pression du FMI n'a pas laissé le choix à Ennahda avec l'appui de tous les pays occidentaux, surtout la France défavorable à l'instauration d'un régime islamique à sa porte; l'Europe qui a essayé d'affaiblir le régime turc d'obédience islamiste, est insatisfaite de l'ascension des responsables islamistes, dont le chef est devenu président de la République et son ministre des Affaires étrangères, chef de gouvernement et sera mal à l'aise si l'islamisme s'érigera à sa porte Sud; le Bassin méditerranéen où se joue l'avenir des «printemps arabes», le Maghreb, les pays européens du Sud, les régimes rétrogrades arabes, tout ce beau monde retient son souffle quant à l'avenir incontournable de la Tunisie au-delà du 26 octobre 2014, jour du scrutin législatif.




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