Algérie

Quel avenir pour «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» '



Quel avenir pour «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» '
A. LemiliIl est certain que le départ de Khalida Toumi ou, c'est selon, la désignation de Nadia Labidi à la tête du ministère de la Culture n'a pas fait outre mesure du bruit dans le landerneau local. Toutefois, les réactions parmi le microcosme culturel ont plus ou moins été prévisibles, en ce sens que la partante n'a jamais bénéficié d'une quelconque empathie dans les milieux artistiques et culturels.Toutefois, ce départ a été salué par quelques hommes de culture parmi les plus attentifs aux arts et lesquels, finalement n'avaient jamais trop attendu de l'ancienne ministre ou nourri un quelconque espoir d'embellie pour le secteur qu'ils considéraient «totalement fonctionnarisé et une administration centrale où c'était à celui qui jouait mieux le larbin. Il suffirait pourcela de faire les comptes du «turn-over» involontaire qui en a été la marque de fabrique. Des fonctionnaires s'en allaient, d'autres les remplaçaient et tourne-manège parce qu'il était tellement facile de tomber en disgrâce à ce stade. D'ailleurs, l'ambiance oppressive qui régnait au sein du ministère était devenue anecdotique. D'aucuns disaient et savaient l'omniprésence d'une forme de chantage qui consistait à être d'accord avec toutes les décisions et mesures prises par la ministre pour ne pas être mis au placard, sur place pour lesfonctionnaires, ou, sinon, pour un porteur de projet, d'être coupé des mesures d'accompagnement, lesquelles sont en réalité un droit», nous confie, joint au téléphone, un cinéaste expatrié. Ces propos sont recoupés par un producteur qui souligne «la disponibilité à profusion de moyens de financement deprojets, sauf que ces moyens étaient utilisés pour tout sauf à accompagner de vraies réalisations. Ceci pour l'ensemble des domaines artistiques et culturels. En fait, le secteur était rongé par la politique nationale de gigantisme. Sur cet aspect de la question, Mme Toumi et ses collaborateurs ont naïvement ou peut-être machiavéliquement pensé que la culture consiste à parsemer l'année de méga-manifestations dans les grandes villes du pays, sortir de la naphtaline des évènements continentaux ou transcontinentaux qui n'ont plus rien à voir avec l'actualité et dont la particularité est de coûter les yeux de la tête jusqu'à équivaloir parfois le budget d'un micro-Etat d'Afrique. Des investissements qui auraient nettement gagné à être dispatchés sur de petits projets et autres ?uvres de création. Cela n'a pas été malheureusement le cas. Pour l'anecdote, sachez que tout le monde se gausse des budgets aux montants de la taille d'un train consentis aux festivals de poésie féminine, aïssaouas, jazz, musique moderne, lecture, malouf... lesquels dont la réalité n'ont aucun impact sur les populations. Exception faite bien entendu de quelques dizaines de fans. Sauf que le rapport coût/utilité devient dès lors scandaleux. Ailleurs, cela aurait été considéré comme dilapidation des deniers publics».Pourtant, tous ceux que nous avons approché estiment également que leproblème ne consiste pas à désigner une nouvelle ministre à la tête du secteur, dans la mesure où la marge de man?uvre de l'intronisée est plus que réduite. Plus précis est un comédien à la retraite : «En fait, quelle que soit la personne qui occupe le poste de ministre de la Culture, celle-ci n'est là que pour faire tapisserie. C'est ailleurs qu'est pensée, réfléchie et conçue la politique culturelle nationale. Cette politique, c'est connu, doit magnifier tout ce qui ne l'est pas ou, soyons quand même moins méchants, le rendre plus ou moins digeste.»Si les personnes qui appartiennent au microcosme artistico-culturel parlent en connaissance de cause de la situationgénérale qui prévaut dans le secteur, le citoyen-lambda est littéralement auxantipodes de la question et, dans leurmajorité, les gens que nous avons approchés concentrent leurs réponses sur l'omniprésence du petit écran et surtout des opportunités qu'offre la réception par satellite des programmes pour tous les goûts. Les uns, notamment les jeunes, parlent «d'overdose de football», les femmes «des télénovelas et autres séries turques», tandis que les plus âgés, aux choix plus en rapport avec laréalité immédiate, préfèrent tout ce qui est «politique, histoire» ou encore le sport du temps de... papa.Il y a, en conclusion, unanimité autour de l'évènement qui va marquer la wilaya de Constantine en 2015 que dans leur majorité les personnes auxquelles nous nous sommes adressé s'inquiètent d'abord de «l'avancement des travaux de préparation, lesquels vont à un train de sénateur jusqu'à mettre en doute la capacité de la ville à recevoirdans des conditions de viabilité minimale l'évènement. Preuve en est que la rumeur locale laisse entendre une probabilité de partage de la manifestation avec Oran, en raison de ses capacités d'accueil, ses atouts touristiques, ses avantages naturels dont la mer et les plages, et Constantine, et pour cause le choix initial de cette ville», ensuite «du potentiel risque de changement des équipes et groupes ayant jusque-là pris en charge et piloté ce grand projet».Toutefois, ce changement est souhaité par ces mêmes interlocuteurs, en ce sens qu'il s'agirait «d'une smala d'incompétents qui ont duré autant qu'a durée l'ancienne ministre parce qu'ils ont été désignés à des postes importants non pas en considération de leurs compétences, mais, et nul ne l'ignore parmi la société civile et le microcosme culturel, par copinage. D'où d'ailleurs l'échec consommé de la politique du secteur depuis une dizaine d'années».A. L.




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