Le moins que l'on
puisse dire est que le long-métrage de Bahij Hojeij, « Que vienne la pluie »,
est loin d'être passé inaperçu lors de sa projection, lundi dernier, en début
d'après-midi. En compétition officielle, ce long-métrage libanais a à ce point
enthousiasmé la salle que beaucoup de spectateurs, après la projection, lui ont
d'emblée attribué l'Ahagar d'Or, sans attendre le verdict du jury, qui doit
avoir lieu le soir de la clôture. « Que vienne la pluie » a le mérite de
repeindre, par de la fiction, la réalité du Liban, ce pays du cèdre, ravagé par
une guerre civile dont les séquelles se font sentir jusqu'à aujourd'hui. Ramez,
sublimement interprété par Hassan Mrad, a été kidnappé durant les années 80 ;
quelque vingt années plus tard, le voilà libéré, mais sa longue détention a
fait de lui un homme quelque peu détraqué, voire même, pour reprendre une
expression de rue, un peu « zinzin ». Il retourne, mine de rien, au sein du
foyer familial, mais tous, qu'il s'agisse de sa femme ou de ses enfants,
ignoraient tout de son sort, et s'étaient faits à l'idée qu'il avait passé de
vie à trépas. C'est dire si cette réapparition a provoqué un véritable
chamboulement dans le train-train quotidien de ses enfants. Sa femme, Marie,
est la seule à se réjouir de revoir le revenant, et tente, le mieux qu'elle
peut, à recomposer la famille. Mais cela n'est pas aussi simple : la fille est
en proie à une dépression chronique, et tente le tout pour le tout pour aller
étudier la musique à Paris, chez un professeur de renom ; le fils, quant à lui,
passe ses nuits dans des boîtes de nuit malfamées à s'adonner à la saoulerie.
Ni l'un ni l'autre n'ont été, ne serait-ce qu'émus, par la réapparition de leur
père, qui les a quittés alors qu'ils étaient en bas-âge.
Ce dernier, se retrouvant alors esseulé,
trouve refuge dans les rues de Beyrouth, jusqu'au jour où, par inadvertance,
rencontre Zeineb, celle dont le mari a également été kidnappé à la même époque.
Une relation s'installe entre les deux êtres, et se mettent à se voir
régulièrement ; ils deviennent, si l'on peut dire, amants, sans se l'avouer. La
projection de ce film a été un grand moment du festival, et beaucoup le
pressentent pour remporter le premier prix ; mais cela n'est pas si simple, car
d'autres grands films, notamment «Les oubliés de l'histoire», sont également
pressentis dans la course ! Décidément, cette quatrième édition, si on peut lui
noter plusieurs tares, a au moins le mérite de nous tenir en haleine !
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Posté Le : 22/12/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Kébir A
Source : www.lequotidien-oran.com