Algérie

que vaut un arabe



Que vaut un Arabe ?

par Abdou B.

le Quotidien d'Oran du 17/05/2008

«L’artifice se dément toujours, et ne produit
pas longtemps les mêmes effets que la vérité».


Louis XIV


Les régimes arabes sont impayables, incorrigibles, et, de plus, la majorité d’entre eux ont tellement de ressemblances et d’affinités qu’ils seraient interchangeables.

Le premier prêterait son pays à un autre, le troisième ferait un stage de zaïmisme au pays du quatrième qui irait se reposer en Europe, les gens ne verraient aucun changement, ne seraient pas surpris pour un centime dans la monnaie de n’importe quel pays arabe. Leur monnaie n’étant vendable dans aucune Bourse au monde pourrait, elle aussi, servir dans n’importe quelle capitale arabe. Mais pourquoi ne choisissent-ils pas une seule monnaie ? Le dihari par exemple. Même sur une simple détermination d’une monnaie, ils ne tomberont jamais d’accord.

Les citoyens arabes n’ont pas les mêmes droits que les électeurs qui habitent l’Europe, les USA, l’Australie ou la Norvège. Sur l’échelle des êtres humains, les citoyens arabes sont au bas de l’escalier. Combien y a-t-il d’Arabes dans des prisons à travers le monde pour divers motifs ? La Ligue arabe n’a évidemment aucun recensement, aucun fichier, aucune diplomatie pour rechercher et défendre ses ressortissants qui croupissent sur la vaste terre des pays développés. Une franco-colombienne, donc Française à moitié, est retenue prisonnière, captive des Farc. Toute la France, gouvernement, médias, partis, intellectuels, société civile, ONG, tout un pays s’est concentré pour faire bouger le monde entier, pour une seule personne dont personne, à part sa famille et des cercles restreints, ne sait si elle a un seul passeport ou deux. Des otages européens ont été retenus dans un pays ou un autre. Toute l’Europe se lève comme un seul homme pour faire pression tous azimuts pour faire libérer des femmes et des hommes et les ramener dans leur famille, dans leur pays, dans leur profession. Selon la presse algérienne, des Algériens sont détenus dans un pays «frère» sans que l’on sache pourquoi et comment. Dans un pays «frère», les choses peuvent paraître plus aisées pour que des avocats et les familles leur rendent visite, voient leur état de santé et exigent un procès équitable selon les charges qui pèsent sur eux. En France, les aventuriers de «l’Arche de Zoé» ont été rapidement transférés en France pour y purger des peines, être «graciés» et parler librement dans les médias de leur pays, en ayant au préalable fait un pied de nez à un gouvernement africain. Les leçons et les exemples sont très nombreux et attestent de l’importance accordée à l’être humain, à un citoyen selon qu’il soit arabe, africain ou «toubab».

La guerre civile est sporadique au Liban. Des hommes en uniforme sont tués chaque semaine en Algérie. La famine et les émeutes sévissent en Egypte. Le Soudan et le Darfour sont des zones dangereuses pour leurs habitants et pour les étrangers. La Syrie, dont une partie du territoire est toujours occupée, est prise en tenaille par les Israéliens et l’Amérique officielle. Les Palestiniens, pour manger, s’éclairer, se soigner, se marier ou enterrer leurs morts, dépendent du seul bon vouloir de l’armée israélienne qui, un jour, va leur rationner l’oxygène. Que font les zaïms arabes du haut de leur superbe impuissance ? Ils regardent, impuissants, répriment leur jeunesse, leurs chômeurs et leurs affamés, tout en regardant d’autres pays aller à pas de géant vers l’avenir qui sera de plus en plus indépendant des énergies fossiles, grâce à la recherche et à l’innovation.

Pris sous n’importe quel angle, le monde arabe est prisonnier de gouvernances «royales», foncièrement tournées vers le passé, la zaouïa du coin qui ne produit aucune réflexion, aucun brevet, aucun projet pour l’environnement, aucune réforme pour le sport national qui aurait bien besoin de l’argent que les doctes chefs d’appareils spirituels et «politiques» se disputent à coups de scissions comme n’importe quelle formation politique de pays sous-développés. De rares pays échappent aux normes archaïques. Il y a ceux qui construisent le plus long pont du monde, de quarante kilomètres, planté dans la mer, alors que d’autres cumulent les bidonvilles et des transports collectifs répugnants. Ces rares pays peuvent faire la fierté de leur jeunesse et faire rêver celle de la Tunisie, de l’Egypte, de l’Algérie, du Maroc, du Soudan, etc.

Lorsque des franges d’une population juvénile sombrent dans les rêveries d’exil, la drogue, avec des taux de suicides terribles, les gouvernants regardent avec superbe leur nombril, la cohorte de courtisans avides de postes dont l’ambition suprême est de côtoyer ceux d’en haut enfermés dans des réduits à forte teneur consanguine au plan des appétits. Lorsque les élites s’en vont là où le travail et la créativité sont respectés, où les enfants s’épanouissent, où les hôpitaux sont propres et humanisés, les décideurs arabes cultivent le béton, la pollution et la dépendance alimentaire, médicale... Alors, imaginons que la Ligue arabe, sur un budget spécial consenti par les Etats, recrute une pléiade des plus grands avocats du monde pour défendre chaque arabe enfermé en Europe, aux USA, en Australie ou n’importe où dans le monde, et donner un peu plus de dignité aux citoyens qui seraient fiers d’être arabes. Imaginons un réseau de TGV financé par les entreprises privées et publiques qui relierait toutes les capitales du monde arabe, sans visa, sans tracasseries et humiliations policières aux frontières. Si les rêves sont permis, il leur faut des leaders politiques qui aient ces mêmes rêves.



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