Algérie

Que sont-elles devenues '



Que sont-elles devenues '
On oublie, souvent, même si leurs ?uvres eurent moins d'écho, que deux femmes, en l'occurrence Djamila Debbeche et Taos Amrouche, publièrent leurs premiers livres en 1947. Bien avant ceux qu'on considère habituellement comme les « pères fondateurs de la littérature algérienne ». Elles comptèrent parmi les pionnières de celle-ci. Depuis, beaucoup de noms sont venus s'ajouter à la longue liste des écrivaines qui, par la poésie, le roman ou la recherche, ont exploré la complexité des êtres en prise avec une réalité quelquefois âpre, ou révélé les richesses de la culture nationale. Tasadit Yacine dans le domaine amazigh, Khaoula Taleb Ibrahimi, Zohra Drif, Louisette Ighilahriz tissent la trame du destin national. A Assia Djebbar, dont la carrière s'étale sur plus d'un demi-siècle, sont venus s'adjoindre des noms comme Ahlem Mostaghanmi, Malika Mokadem, Maissa Bey, Leila Marouane. En langue arabe et dans différentes variantes de la langue amazighe les femmes n'ont jamais cessé de chanter les épreuves, de clamer peines et espoirs. La source de la poésie avec les voix de Rabea Djalti, Hadjira Oubachir ne s'est jamais tarie. Il suffit de consulter les catalogues de nos éditeurs pour constater l'émergence de nouvelles romancières. Certaines, comme Sarah Haider, a eu un succès d'estime pour son dernier livre et d'autres, comme Leila Hamoutene, Wassila Tamzali ou Fatima Bakhai construisent patiemment une ?uvre ancrée dans les réalités ou la mémoire algériennes.Longs silencesOn peut, néanmoins, dans cette évocation, s'interroger sur le long silence, pour ne pas dire la disparition, de certaines auteures qui, à différentes périodes, ont publié des écrits qui avaient suscité tantôt de l'intérêt tantôt de la polémique. A l'encontre de Fadela M'rabet, qui, après un long silence, né de ses écrits et des émissions de radio sans concession sur la condition de la femme dans notre société tout au long des années 70 et 80, revient depuis quelques années sur le devant de la scène avec régularité, on n'entend presque plus parler de Aicha Lemsine. Son roman « La chrysalide » fit pourtant sensation à l'ère du combat féministe au milieu des années 70. Le livre est d'ailleurs sorti aux éditions MLF qui furent fondées par des femmes du collectif Psychanalyse et Politique animé par Antoinette Fouque, morte il y a moins d'un mois. Une vive polémique l'avait alors opposé à Christiane Achour sur les colonnes d'El Moudjahid. Même si depuis elle s'est manifestée avec trois livres, son nom est relégué dans l'oubli. Sa parole dans les medias nationaux est quasiment inaudible. En s'installant à l'étranger, certaines femmes, comme Hawa Djabali, qui fut une heureuse révélation au milieu des années 80, ou Aicha Bouabaci, sont tout autant discrètes. Peu de nouvelles nous parviennent sur les écrits de Zehira Houfani installée au Canada plus présente sur le front des luttes politiques. Que devient Hafsa Koudil qui, dans une autre vie, était très visible sur la scène littéraire ' Elle est presque sans voix, titre de son livre paru chez Plon en 1997. Et Younil, la voix singulière, est elle atteinte d'aphasie ' Publiant en France, on entend de moins en moins parler ici. Nul écho ne nous parvient également de Laura Mouzaia, de Louisette Cherifi ou de Fatima Gallaire qui fut une dramaturge prolifique. Souad Khodja, qui avait publié des essais militants et documentés sur les femmes a-t-elle cessé d'écrire ' Après sa révélation à Alger par Barzakh , Kaouther Adimi, partie en France pour des études, s'est éclipsée des activités littéraires en Algérie. D'autres noms de poètes qu'on peut consulter dans l'anthologie de Tahar Djaout paru en 1984 à l'OPU ont totalement disparu, comme des météorites fugaces, image qui traduit le sort de ces femmes dont le talent est resté en suspens, inabouti...




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