Algérie

Que reste-t-il du pacte social ?



Depuis le début de l'année, une grève succède à une autre dans le pays. La dernière en date, celledes paramédicaux, largement suivie, n'a pu aller au bout des trois jours queses organisateurs lui avaient assignés. Saisie parl'administration de tutelle, la justice l'a décrétée «illégale» et enjoint aux travailleursdu secteur de reprendre le travail. Les paramédicaux, n'ayant guère appréciécette décision de justice, pourraient remettre ça le 24 février en se joignantau mouvement de protestation dont la coordination des syndicats autonomes estl'initiatrice.Il n'y a aucun doute que cette « protesta » syndicalo-sociale à répétition remet sérieusement en causele discours officiel véhiculant la fiction d'une paix sociale obtenue dans lepays avec le pacte économique et social conclu par le gouvernement et sonpartenaire syndical exclusif, la centrale syndicale UGTA. C'est pour biendémontrer la discordance de ce discours officiel avec la réalité du terrainsocial, que la coordination des syndicats autonomes a décidé d'engager son action de protestation de trois jours à compter du 24février, jour où les travailleurs sont censés, selon la présentation officielle,communier avec l'UGTA, dont c'est la dateanniversaire de la création. La centrale de Sidi Saïd a quelque raison de nepas apprécier l'initiative un tantinet provocatrice à son égard. Il n'est pasimpossible qu'elle fasse pression sur les autorités pour qu'elles recourent àun quelconque artifice afin d'empêcher la démonstration de la perte de sonprestige dans le monde du travail.Même si la coordination des syndicats autonomes estempêchée de faire ses trois jours de grève, il restera que l'UGTA n'est plus le seul et encore moins le plus importantacteur social sur le terrain. Cette réalité, le congrès de cette organisation, prévupour mars prochain, ne pourra l'éluder et faire l'impasse d'un débat sur lescauses qui en sont à l'origine. Les caciques de son appareil, qui sontresponsables de la désaffection qu'elle subit de la part de franges de plus enplus larges du monde des travailleurs, craignent par-dessus tout qu'un teldébat ait effectivement lieu. Ils s'y sont préparés en s'arrangeant pour que laparticipation aux assises passe par des filtres dont ils ont fixé les normes etconfié le fonctionnement à leurs relais dans les instances locales etrégionales de l'organisation. Précaution évidemment qui ne s'embarrassenullement du respect de la représentation démocratiquement exprimée pour lesparticipants à ce congrès. Le principal étant que Sidi Saïd et ses collègues dusecrétariat national n'aient pas à essuyer le désaveu de leur action à la têtede la centrale de la part même de syndicalistes qui demeurent encore fidèles àl'organisation, mais n'en sont pas moins contre le détournement de vocationqu'elle a subi de la part de ces responsables. De tels «trublions» ont peu dechance de passer les sas de protection mis en place. L'efficacité de ceux-ci afait ses preuves dans presque tous les congrès de la vieille centrale.


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