Que reste-t-il de méditerranéen dans le projet UPM ?

Si le sommet de Paris, le 13 juillet, «accouche» au finald'une Union pour la Méditerranéeau rabais, parce que amputée de la participation d'Etats «majeurs» de la riveSud, ce n'est pas à Mouammar El-Kadhafi ou à un autredirigeant de cette région qu'il faudra imputer la responsabilité. Celle-ci seraà rechercher du côté de l'Union européenne, qui a exigé la participation àcette construction de l'ensemble de ses Etats membres. L'élargissement ainsiimposé a totalement dénaturé le projet initial d'inspiration française, qui luiprojetait la réalisation d'une union à laquelle étaient conviés les seuls Etatsriverains des deux bords de la Méditerranée.Les pays de la rive Sud n'ont pas tort de «craindre» que laparticipation de l'Europe sous cette forme à l'union projetée en fasse desminoritaires exclus du pouvoir de décision que s'arrogeront leurs partenaireseuropéens.L'imprévisible Mouammar El-Kadhafin'a pas tout faux en renvoyant aux Européens leurs propres arguments qui leuront servi pour s'inviter tous à cette Union pour la Méditerranée. Usantde leur logique, il considère que cette Union concerne, au même titre quel'Europe, les Etats membres de la Ligue arabe et ceux de l'Union africaine. Il n'y a en effetaucune raison qui fait que des pays riverains de la mer Baltique soient éligibles à faire partie d'une Union pour la Méditerranée et pasnos voisins subsahariens ou au bord de la mer Rouge. Ce qui devait être uneconstruction concernant l'aire méditerranéenne, et par conséquent l'affaire desseuls Etats bordés par cette mer, a finalement laissé place à un montage qu'ilest difficile de qualifier de «méditerranéen», du moment que des Etats n'ayantqu'une relation secondaire avec les problèmes et les aspirations de cetterégion du globe, en deviennent des acteurs et des décideurs de leurs prise encharge et de leurs solutions. L'élargissement de l'Union telle qu'imposée, ressort de la querelle de leadership qui oppose le couplefranco-allemand. Berlin a vu dans le projet de Nicolas Sarkozy la possibilitépour Paris, s'il se réalisait, de peser encore plus fort qu'il ne le faitactuellement au sein de l'Union européenne, et cela en parlant au nom d'uneentité méditerranéenne dont les Européens sont conscients du potentiel qu'ellereprésente et des enjeux qu'elle abrite. C'est finalement une rivalité «euro-européenne» qui a semé les germes de la discorde. Etc'est cela qui sera la cause première de l'échec possible de l'initiative. PasMouammar El-Kadhafi.