Algérie

Que nous apprennent les soulèvements des peuples arabes '



Pourquoi Ben Ali et Moubarak ont été «dégagés» relativement facilement ' Et pourquoi en Libye et en Syrie, la confrontation entre les peuples de ces pays et leurs ubuesques dictateurs tourne au cauchemar '
Pour tous ceux qui suivent les méandres de la politique de cet «Orient compliqué», les deux présidents «dégagés» étaient, comme on disait à  une certaine époque, des suppôts de l'impérialisme. Leurs économies dépendaient en grande partie de la soumission de leurs politiques étrangères à  celle de l'Occident et particulièrement des USA.
Si l'on veut comprendre les raisons de la facilité de leurs évictions de la scène politique, il faut d'une part ne pas oublier que ces deux régimes, quand bien même ils avaient «bâti» une petite base sociale dans les classes moyennes, restaient des dictatures aux pieds d'argile. Car dans les moments décisifs de la confrontation Peuple/dictature, ces classes moyennes n'ont pas constitué un rempart, car elles-mêmes se sentaient humiliées et en colère contre un régime qui a privatisé l'économie pour le compte d'une oligarchie familiale, qui a vendu la dignité du pays et s'est soumis au diktat d'un autre pays qui a transformé Ghaza en une «réserve d'Indiens». Abandonnées par leurs classes moyennes, ces dictatures le furent aussi par leurs maîtres qui avaient actionné leurs relais dans l'appareil d'Etat et plus précisément dans les forces armées. L'on sait que les officiers supérieurs de l'institution militaire des deux pays sont formés dans les écoles occidentales et leurs armées équipées par ces mêmes pays. Sans àªtre des agents directs, ces mêmes officiers peuvent écouter les «conseils» de ces pays «amis» et du reste les interventions «graduées» de Barack Obama glissaient chaque jour du conseil amical à  la recommandation pour finir en exigence. Les USA avaient compris après le désastre de Bush et son «Moyen-Orient démocratique» qu'il fallait plutôt accompagner les peuples dans leurs aspirations démocratiques que d'imposer celles-ci avec des chars et le mensonge.
Les faits cités ci-dessus nous permettent de dire que la partie n'est pas gagnée en Egypte et en Tunisie. Car, une fois la face hideuse de la dictature effacée, sont restés en place pratiquement les mêmes hommes ayant servi les dictateurs. Les manifestations et autres émeutes dans les deux pays montrent que le chemin parsemé d'embûches sera long avant d'atteindre l'ultime objectif, à  savoir une véritable révolution politique et culturelle qui débarrasserait les sociétés arabes de l'éthnico-tribalisme et de ce nouvel opium du peuple : l'islamisme politique. Ce sont ces deux archaïsmes qui persistent et structurent la Libye et la Syrie et qui ont plongé leurs peuples dans un cauchemar sans nom. Les facteurs tels l'absence de classes sociales plus ou moins homogènes et la position de ces régimes dans le conflit Palestine/Israël leur ont servi de muraille pour résister à  une déferlante populaire, toutes classes confondues. Les peuples des autres pays arabes bien que solidaires restent paralysés devant les étranges alliances qui se sont nouées en Libye. Que choisir se disent-ils, entre une coalition qui a dévasté l'Irak, qui ferme les yeux devant les souffrances des Palestiniens et un Gueddafi, cet histrion de la politique qui se moque de son propre peuple. Ces peuples du monde arabe ont compris que l'intervention de l'OTAN en Libye n'est pas destinée à  éviter un massacre des populations mais comme d'habitude répond à  des considérations économiques et géostratégiques. Le pays regorge de pétrole et possède des frontières avec tous les pays du Sahel, une région qui risque à  l'avenir de donner des sueurs froides à  l'Occident.
Quant à  la Syrie, pourquoi intervenir puisque le pays est dépourvu de pétrole mais il est en revanche situé au milieu de la pire des poudrières. Une guerre dans ce coin du monde serait un désastre pour des pays amis comme le Liban, la Jordanie et Israël.
Il me semble que le devenir des pays du monde arabe est conditionné d'une part par la maîtrise de tous les facteurs visibles et invisibles de leur histoire et, d'autre part, par la connaissance, loin des habituels préjugés, de la complexité du monde d'aujourd'hui. Il s'agit en un mot pour ces peuples que leurs révolutions ne glissent pas du parfum du printemps aux morsures de l'hiver, comme je l'ai pressenti quand j'ai fait un film au lendemain de la révolution iranienne intitulé : Iran, un printemps en hiver.
Ali Akika. cinéaste


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