Lors d'une session de l'Assemblée populaire nationale, en première législature, un député s'en était pris violemment à un autre. La raison ' Il eut l'outrecuidance de s'exprimer dans la langue du colonisateur, le français. Le «gaffeur» pris pour un provocateur n'eut pas le temps de rendre la monnaie de sa pièce au gardien de l'authenticité. Dans cette enceinte où l'on peut s'attendre à toute sorte de dérapage, il y avait, là, le magistrat suprême venu donner le coup d'envoi de la séance d'ouverture de la session parlementaire et, partant, de la rentrée sociale, feu Chadli Bendjedid. «Nous sommes en démocratie, il peut s'exprimer dans la langue qu'il lui plaît», dit-il. C'est dire que parmi la faune des «élus du peuple», l'intolérance est tapie. Dans ce type de milieu, la responsabilité n'est-elle pas de transcender les contingences pour veiller à la quiétude de la communauté dans la sérénité ' Pour autant, l'aveuglement dans ces attaques frontales semble être une seconde nature qui cache mal l'incapacité de ce profil de personnage à réfléchir aux questions de fond.En dépit des rappels à l'ordre, ce genre d'aberration a toujours cours. Fort de la constitutionnalisation de tamazight, langue nationale officielle, des Naïma Salhi en puissance n'hésitaient pas à pourfendre publiquement un collègue député qui s'exprimait en tamazight, de plein droit d'ailleurs. Au-delà de pareil comportement qui ne mène pas large, l'inquiétude est grande quant aux chances du débat libre et démocratique. Il faut se rendre à l'évidence, l'exercice de la démocratie est de plus en plus hypothétique. Soudain, des notions comme transparence, liberté, tolérance, solidarité sonnent étrangement creux, sans consistance par la volonté de tous ceux qui se complaisent dans le confort de l'immobilisme, le refus de reconnaître l'autre, les avis différents ou, pire, divergents. Qu'en est-il alors de l'alternance politique, la crédibilité du libre jeu démocratique à la faveur d'élections à quelques niveaux que ce soit ' La démocratie comme moyen de promotion de la société ' Honni soit qui y milite pour. Cependant, dans tous les pays du monde, la revendication démocratique est devenue un discours récurrent, incontournable. De l'espoir néanmoins. D'abord en Amérique latine, longtemps sous la botte de dictatures sanguinaires, l'alternance politique marque des points quand bien même les résistances sont encore là. Le Brésil, l'Argentine notamment, sont en passe de tourner la page d'un passé fait de dénis des droits et d'oppression. Les révoltes arabes montrent la force de cette revendication, bien que le chemin, pour son aboutissement, soit jonché d'obstacles.
En Tunisie, les forces contraires ne se gênent pas de vouloir mettre fin au règne d'un président sorti des urnes. Au Sénégal et dans d'autres pays de l'Afrique occidentale, souffle une brise légère aux senteurs de démocratie. Malheureusement, les régimes autoritaires sous la férule de leurs parrains ont encore de beaux jours devant eux. Que la lumière soit, ici, demain.
Brahim Taouchichet
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Posté Le : 23/08/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Brahim Taouchichet
Source : www.lesoirdalgerie.com