Algérie

Que faire' ou de l'importance de la recherche



Et sur un autre registre, il y a une tentative de gérer et maîtriser les conflits afin de maintenir le lien social, et ce, en recueillant de manière régulière des informations au sujet du climat de travail, c’est le cas de l’Observatoire Européen des Relations Industrielles qui s’intéresse à l’évolution du syndicalisme(7). Dans ce cadre, le déficit en recherche sur le terrain en Algérie se traduit par exemple  par la divergence dans l’estimation du nombre des grévistes, tous secteurs confondus, et donc des faiblesses du système national d’information statistique. Bien peu de rencontres scientifiques sont organisées chez nous autour du thème des relations professionnelles, de l’organisation syndicale ou encore des négociations ; il en est de même des travaux universitaires : combien d’étudiants de doctorat choisissent de travailler sur ce thème ' Très peu et cela pour une double raison :
- il s’agit d’un sujet pour lequel il est difficile d’obtenir les informations sur le terrain ;
- il s’agit d’un sujet sensible qui avait un intérêt durant la période socialiste mais qui devient dérangeant, car  avec la mondialisation il faut laisser plus de liberté non pas aux travailleurs mais aux investisseurs et opérateurs étrangers.  De ce fait, le peu de réflexion sur le sujet n’a pas permis jusqu’à l’heure actuelle une visibilité suffisante. La lutte syndicale et le mouvement social sont sous-analysés ; le monde du travail a changé de par les nouvelles exigences du marché, de par les nouvelles conditions d’emploi et de par les nouvelles qualifications, ce qui signifie que les anciens modèles de référence pour analyser l’action syndicale ou le mouvement ouvrier sont inopérants. Des réflexions auraient dû être engagées (et il n’est pas trop tard) pour identifier les problèmes humains et sociaux qui sont nés des réformes économiques. Ce que nous savons ne représente que la face visible (à savoir dénombrer les licenciements, les chômeurs, les personnes qui se sont suicidées après la perte de leur emploi, etc.), la face cachée est relative au lien social qui  existait et qui s’est distendu, ce qui fragilise non seulement le monde du travail mais aussi la société tout entière. Deux niveaux d’analyse devraient être pris en charge :
- le  premier niveau : donner du sens aux actions ouvrières de manière particulière et au mouvement social de manière générale. La dégradation des conditions sociales ne fera qu’augmenter la contestation, d’où l’intérêt qu’il faut y porter.
- Le second niveau est relatif à l’organisation syndicale qui a été conçue durant la période industrielle où la classe ouvrière étant au centre de l’activité économique, alors qu’à l’heure actuelle le secteur des services est celui qui acquiert une place grandissante dans les économies. En un mot, la parole a rarement été donnée aux acteurs impliqués dans ces mouvements de contestation, en dehors des journalistes dont l’objectif premier est d’informer et non pas d’expliquer ou d’analyser un phénomène.   
 


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