Algérie

Que faire '



Que faire '
Désespoir n La jeunesse semble, depuis longtemps, livrée à elle-même. Elle n'a guère d'autres choix que de lorgner avec convoitise vers l'autre rive de la Méditerranée.
Fascinée par les images que renvoient les chaînes de télévisions étrangères d'un Occident prospère et accueillant, du moins le croit-elle, elle ne rêve que de l'exil. L'horizon au pays, lui paraît totalement bouché et il suffit qu'un lointain cousin réussisse son «intégration» en Europe pour que toute la famille pense à l'imiter. A travers les artères de la capitale, la plupart des jeunes interrogés parlent d'horizons bouchés. Ils font de l'emploi leur priorité absolue.
Durement éprouvés par le chômage, les jeunes, aussi bien filles que garçons, souhaitent un meilleur accès à l'emploi, sous toutes ses formes, y compris les emplois «aidés».
«Le chômage, c'est comme le sida, il vous tue à petit feu», nous confie Saïd, un jeune diplômé à la recherche d'un emploi. Kahina, 24 ans, au chômage depuis déjà 5 ans, pense autrement : «Les postes de travail intéressants restent inaccessibles. Il faut un sacré coup de pouce pour en obtenir un. Et encore ! C'est malheureux, notamment pour les gens qui ont poussé leurs études et se voient contraints d'aller vers l'autre rive de la Méditerranée», ajoute Kahina qui ne dit pas non à une émigration. Même à titre de harraga ' «Pourquoi pas '», rétorque-t-elle.
Quant à la maman de Kahina, professeur de français à la retraite, elle a une autre vision des choses. «C'est une catastrophe, les jeunes d'aujourd'hui ne savent rien faire de leurs dix doigts. Ils sont obnubilés par l'émigration, pour ne pas dire el-harga». Elle impute cela aux insuffisances du système éducatif. «La déperdition scolaire est devenue endémique».
Plusieurs enseignants considèrent que l'investissement dans le secteur éducatif doit être renforcé, «sinon, c'est la catastrophe. Il faut s'attendre au pire avec cette jeunesse qui voit en l'émigration, l'unique solution pour sortir du marasme dans lequel elle se trouve», ajoute une autre enseignante. Pour Sofiane, 29 ans, médecin à l'hôpital de Bab El-Oued, «les jeunes sont en pleine détresse. On n'exploite pas suffisamment leurs capacités. C'est l'une des raisons qui les poussent à vouloir tenter leur chance ailleurs. Il est temps d'améliorer la qualité de l'enseignement et la formation des enseignants.
L'Etat doit organiser des stages pratiques, développer l'apprentissage et, surtout, opter pour la création d'emplois pour les jeunes». Tarek, 20 ans, étudiant en économie, rêve déjà d'une vie de l'autre côté de la mer. «Pour moi, l'avenir est déjà tracé.
Terminer mes études d'abord, ensuite, El harba ya kho, il n'y a pas mieux», dit-il. Son ami Yazid, n'est pas contre l'idée de partir un jour. «La jeunesse, tout le monde en parle, mais personne ne fait rien pour elle. Regarde cette maison de jeunes.
Tu penses qu'il y a des activités pour la jeunesse ' C'est au contraire, un refuge pour les politicards en herbe», dit-il, et de poursuivre : «Je préfère mourir en mer, plutôt que de souffrir et vivre dans la misère. Lebled dialhoum, rahi lihoum yeddouha». Le phénomène migratoire semble avoir encore de beaux jours devant lui au sein des jeunes Algériens. Ne faut-il donc pas chercher et trouver une solution radicale au problème au lieu de se bander les yeux et durcir les dispositions de lutte contre l'émigration clandestine '
R. K.


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