Algérie

Que faire'



La dernière manifestation du Hirak a confirmé la dualité de la scène politique actuelle, avec, d'un côté, des manifestants qui maintiennent leurs revendications habituelles (dégagisme, réappropriation de la souveraineté populaire) et, de l'autre, le commandement militaire qui a durci le ton en déclarant impérative la tenue de l'élection présidentielle le 4 juillet prochain et irrecevables les slogans nihilistes. Ainsi, le fossé est-il profond et l'impasse dangereuse à l'heure où le pays subit depuis plus de deux mois une véritable hémorragie économique dont les effets seront fatalement néfastes à terme. Si les conditions qui ont jusqu'alors prévalu devaient perdurer, on voit mal comment un dialogue salutaire pourrait être engagé entre l'armée et le mouvement populaire, surtout quand celui-ci s'enfonce dans le déni systématique au lieu de s'organiser dans le cadre d'une réflexion profonde sur sa genèse, ses ambitions et les moyens de se doter d'une authentique représentation.Le fait est d'autant plus dommageable que, durant des semaines, on observait une réelle conjonction, sinon une sympathie réciproque des deux protagonistes, une sympathie nourrie d'ailleurs par le fait que l'armée a d'emblée exprimé son soutien indéfectible aux attentes et aux revendications du peuple souverain et procédé à leur concrétisation comme cela s'est vu en matière de lutte contre la corruption devenue un fléau national. Face à ces gestes appréciables qui, n'en doutons point, seront suivis par de nombreux autres et auront des effets salutaires pour la moralisation de la politique autant que de l'économie nationale, le Hirak n'a pas trouvé mieux que de durcir ses conditions (départ des trois B et de tout ce qui s'apparente au personnel du régime Bouteflika, notamment). C'est là une approche sommaire des enjeux, fondée sur la croyance naïve dans un pseudo programme a minima selon lequel «on efface tout et on recommence»! Ce faisant, le Hirak qui est, soyez-en sûr, infiltré aussi bien par les forces intérieures de la Içaba que par les agents des puissances extérieures, porte en lui un handicap de plus en plus pesant. De ce fait, la situation est intenable. Le pays a dramatiquement besoin de sortir du cauchemar dans lequel l'a plongé le rêve fou du 5ème mandat. Tout en ayant des positions en apparence heurtées, l'armée et le Hirak ont, aussi, en commun des ambitions et un projet qui les rapprochent, pour peu qu'il y ait un dialogue responsable. Or, le temps presse.


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