Algérie

Que devient le dialogue'


Que devient le dialogue'
Les gens se battent. Les voisins se disputent. Les familles s'agressent. Les coups et blessures volontaires pleuvent! Où est donc passé le dialogue'Un des plus graves fléaux qui rongent notre société demeure, qu'on le veuille ou pas, celui des violences physiques volontaires. La loi, revue en 2006, le 20 décembre, a prévu sous le n°06-23, articles 264 à 276 bis, les peines à infliger aux auteurs de coups et blessures.Or, dans les salles d'audience, il y a souvent des auteurs de coups et blessures réciproques. Et c'est ici où le tribunal doit trancher.Lorsqu'un juge a devant lui neuf certificats médicaux d'incapacité de cinq à vingt et un jours, son rôle est de déterminer qui a battu qui' Difficile, mais pas impossible.Rabah B.,Hafsa S., Aïda T., Menouch B., Ali D., Boudjeniaâ L., Foudil R. sont debout à la barre car inculpés de coups et blessures volontaires réciproques. Khaled Benyounès, le juge, a eu beaucoup de mal à entendre les prévenus qui étaient en même temps témoins, car dans notre société, quand il y a rixe, les voisins n'ont rien vu, rien entendu, rien de rien, sauf si la rixe entraîne des homicides.S.Hafsa, 65 ans, se plaint d'avoir été battue avec un gourdin par Boudjemaâ. Ce dernier nie et crie à l'agression par l'épouse de Boudjemaâ, en l'occurrence Aïda T. «Elle avait deux gourdins pas un, M.le président» a-t-il lancé. Foudhil R. est catégorique: «Je n'ai frappé personne, c'est moi la victime. J'ai reçu des coups de bâton, mais je saurais affirmer qui m'a assommé» confie-t-il, les yeux cernés et le visage creux. «J'ai devant moi sept certificats médicaux dont un a été établi à l'hôpital de Rouiba, un autre à Kouba et un à El Harrach» remarque le juge qui voit là des anomalies. Foudhil tente de le rassurer:«M.le président, j'ai choisi l'hôpital de Rouiba car la circulation est fluide. On y arrive avant Belfort». Benyounès fait semblant d'avoir avalé la couleuvre. La énième...Foudhil, le principal prévenu, puisqu'il a été montré du doigt par quatre personnes, prie le juge d'être clément avec lui. «J'ai des enfants et un boulot. Si vous me condamnez, je vais perdre mon poste» pleure-t-il presque. Le président lui signifie qu'il fallait réfléchir avant d'entreprendre une expédition punitive.«Toute une histoire montée à cause de mauvais rapports entre voisins, c'est malheureux», remarque le procureur qui requiert une peine de prison ferme pour quatre d'entre eux.Magnanime, le président de la section détenus a estimé que les malheureux voisins ont assez payé un effectuant un petit séjour aux «Quatre-Hectares» du moins pour deux d'entre eux: il condamne toute «l'équipe» à trois mois de prison avec sursis. Auparavant, le juge demandant à Hafsa si elle faisait la prière, lui conseilla de mieux méditer à l'avenir avant de s'armer de gourdin pour régler leur compte aux voisins. «Une femme agresseur, ce n'est pas joli, mais alors pas joli du tout!» laisse échapper Benyounès.Toute cette «bande» quitta la salle, la tête basse car des voisins curieux avaient assisté aux débats qui ont «dénudé» le sens de la pseudo-fierté de voisins querelleurs, des voisins qui ont perdu le sens de l'amitié, de la solidarité, de la gentillesse et même du dialogue. Le dialogue! Ah! que c'est beau pour les nostalgiques! C'est d'ailleurs, son absence qui a fait qu'à Ghardaïa le sang a coulé au-dessus des cendres, de feux allumés par la haine et l'absence de... dialogue.


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