Algérie

Quatrième mandat



Partout dans le monde occidental, celui qui nous sert de modèle    pour la construction de l'Etat par le fait de l'Histoire qui l'a enfanté, les campagnes présidentielles sont de véritables batailles pour la conquête de l'électorat. Les candidats vont vers les citoyens pour les charmer par des programmes politiques, par l'éloquence du verbe, par des spectacles, par des banquets, des tee-shirts, des bonbons et autres gadgets. Plus près de nous, lors de la campagne présidentielle américaine, durant laquelle les candidats montrent conjoints et enfants, vie privée, parcours universitaires et professionnels, ils exposent leurs positions par rapport à l'avenir, au présent et au passé. Ce sont les positions de leurs partis politiques, forme moderne d'organisation, à quelques différences près selon les uns et les autres. La campagne française, largement suivie par les Algériens, n'a pas démérité en débats contradictoires, en sourires, en jeux nécessaires à la démocratie telle que définie jusqu'à présent. Chez nous, c'est l'électorat qui va vers le candidat, lequel se place au-dessus des partis et qui les représente tous par consentement ou par silence. En témoignent les appels des formations politiques, des formations associatives, des réunions pour un oui ou un non, retransmises par une télévision nationale sous forme de trois chaînes jumelles, pour demander au Président de se succéder à lui-même via un petit maquillage de la Constitution. Il s'est même trouvé quelques malins qui, par raccourcis somme toute logiques, ont demandé au Président de se présenter y compris pour un quatrième mandat. Demande que les Algériens auraient dû faire dès le premier mandat. Fait unique en Algérie ? Non. C'est le propre des pays arabes et africains que de soumettre leur destin à l'homme providentiel du moment. Celui qui représente une paternité perdue, celui qui guide la nation vers la prospérité. Mais en fait de prospérité, on peut aussi parler de la cherté de la vie, de l'appauvrissement, du mépris de l'administration, de la poussée de la corruption, de la fuite des cerveaux et même des non-cerveaux qui se jettent en mer, du suicide, du chômage galopant, de la crise de logement, du détournement des deniers publics, de la hogra, des attentats suicides, de l'absentéisme électoral, de l'immuabilité d'un gouvernement qui échoue, de l'échec scolaire, des scandales financiers, de l'inflation, de l'érosion monétaire, de la violence, des gangs et de la drogue, de la démobilisation générale dans un pays qui attend la pluie en priant Dieu, sachant que Dieu ne fait d'une communauté que ce qu'elle veut faire d'elle-même. On peut parler de tout cela dans l'ordre mais surtout dans le désordre, puisqu'on ne sait plus attendre pour parler. Emergence d'un genre nouveau ou continuité de l'absurde dans la manière de pousser la spontanéité jusqu'à en faire une demande planifiée au Président ? Lui ne dit rien ou presque, puisqu'il n'empêche pas la foire de continuer et n'affiche aucune volonté de se représenter aux élections. Bien que... De là au raccourci vers le quatrième mandat, il n'y a qu'un mandat de plus. Il y a un mandat à vie et qu'on en finisse. En fait, entre Africains et Arabes, pourquoi pas ? D'ailleurs, qu'est-ce que l'Etat pour les Arabes et pour les Africains que nous sommes ?


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