Algérie

Quatre talents en liberté



Depuis le 4 novembre dernier, et encore pour un bout de temps, l'étoile Sirius du Telemly se pare de quelques couleurs biens senties autour d'un quatuor qui ne laisse pas indifférent. Valentina Ghanem Pavlovskaya, Smaïl Ouchène, Mourad Belmekki et Rachid Nacib.Les quatre entament une bien belle aventure picturale, par l'expression artistique, juste de la peinture, de la bonne peinture pour aller découvrir sur des cimaises minuscules mais bien garnies les travaux de Belmekki Mourad qui, sur des toiles de moyens formats, nous offre une étape importante de son ?uvre, des bleus profonds, sertis de blancs aux lignes sèches mais tortueuses, l'endue de ses travaux court sur une surface remplie, sans complaisance. Le signe prend sa revanche sur les temps, sur tous les tons, comme des messages ordonnés qui parsèment toute la surface.
L'école du signe a encore frappé et Belmekki, dans sa monstration lumineuse, reste fidèle à un style quelque-peu désuet mais encore limpide dans ses émissions colorées, le plasticien nous écrit quelques phrasés éloquents dans son attitude plastique qui restent évocateurs d'autres horizons extirpés aux héritages ancestraux pour nous les rendre dans une organisation dessinée, composée sans failles apparentes.
Valentina Ghanem nous emmène dans la joie la plus complète et l'émulation de ses inspirations à travers ses scènes de genres, puisées dans le fondement de nos terroirs et de nos inconscients collectifs, targuis, femmes voilées ou insolites paysages laissent leur mystère nous envahir par la grâce de l'huile et des compositions en arêtes induites par le couteau et les empâtements épais qui habitent la toile pour notre plus grand plaisir.
Valentina Ghanem Pavlovskaya semble toujours redécouvrir les contrées algériennes dans leur vaste étendue et nous rend aux regards un pan de notre histoire contemporaine à travers de belles réalisations qui restent fidèles au talent inné de la plasticienne à s'intéresser et par-delà cela à nous intéresser à des paysages mémoriels qui ne manquent pas d'intérêt. Smail Ouchène, digne enfant des montagnes de Béjaïa, se laisse aller à la confidence de ses dernières ?uvres qui gagnent en subtilité et en sérénité par de larges plages laissées vides et qui rendent à l'abstraction pointue du plasticien toute sa pertinence.
Sur ces séries de toiles abstraites, fulgurantes de couleurs, les compositions s'imbriquent, se surmontent, ou se chevauchent d'une très belle manière. Ouchène, fin et délicat, nous montre son talent avec brio, il gratte, peint, compose ou dessine, et les circonvolutions de son art laissent perplexes par sa maîtrise des éléments de la couleur posée en couches successives pour trôner au milieu du support.
Les travaux de Smaïl Ouchène ne sont jamais gratuits, ils évoquent toujours une situation, un état, une réflexion...et le reste est une grammaire qu'il nous offre pour la route. Le quatrième larron est ce chevalier servant d'un art dédié aux ancêtres, Rachid Nacib, aime le signe, aime la terre et les traces du passé. Résolument contemporain, Rachid Nacib revient au travers de ses nuages photographiques aux premiers fondamentaux de la peinture et Dieu sait comme sa peinture est belle dans ses «phrasés» vaporeux et ses grandes surfaces occupées d'un pinceau quasiment transparent.
Rachid Nacib laisse une grande sensibilité envahir ses espaces colorés, les tonalités sont nuageuses, fines, entreprises comme une tentative de séduction sur les supports en toile ou en papier. Ce digne héritier du signe et de la forme, surfe entre héritages de Khadda, Martinez ou Mesli, pour se faire oublier par un superbe exercice de style de ces grands frères. Il nous offre aux regards une bien belle monstration en attendant que la grande exposition se fasse voir.
Nous l'attendons au tournant pour une individuelle qui nous fera l'étalage de la grandeur de son talent. Pour l'instant, ses ?uvres nomadisent un peu ici et là, devant les regards attendris qui consomment son art avec plaisir. « Couleurs retrouvées » est le titre de cette rencontre de quatre artistes qui semblent réunis dans le principe hétéroclite, où l'amitié est apparemment le viatique, une belle initiative, le reste n'est que conjectures.
«Couleurs retrouvées», exposition collective de peinture, avec Valentina Ghanem, Smaïl Ouchène, Mourad Belmekki, Rachid Nacib, Galerie Sirius, 139, Bvd, Krim Belkacem, du 4 novembre et en continuation, entrée libre.


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