Algérie

Quatre mamans séparées de leurs bébés



Notre interlocutrice et trois autres femmes ont fait l'objet d'une décision d'expulsion, elles se trouvaient en situation irrégulière à  Oran, plaque tournante pour les émigrants clandestins subsahariens. Cette expulsion scandaleuse a suscité l'indignation du Snapap qui a levé le voile sur «une atteinte aux droits de l'homme et à  la protection des enfants dont l'Algérie est signataire du protocole d'accord mondial». Dans un communiqué, le Snapap relève que «quatre femmes émigrantes clandestines ont été refoulées dans des conditions inhumaines». Ces femmes sont de surcroît de jeunes mamans qui ont été séparées de leurs enfants, elles ont plutôt préféré se séparer de leurs bébés afin de ne pas leur faire endurer un périlleux voyage vers les frontières sud. Selon le communiqué du Snapap, deux de ces mères ont été arrêtées par les services de police dans l'enceinte de l'hôpital d'Oran. La première après un accouchement et la seconde au moment où elle emmenait son bébé âgé de 5 mois en consultation suite à  un problème respiratoire. Les mamans accompagnées de leurs bébés se sont retrouvées en détention, en attendant de passer devant la justice, comme le prévoit la loi. Les bébés restés à  Oran sont : Jouana âgée de 9 jours, Van Winter (8 mois), M'Bang Brayane (10 mois) et Amed (5 mois). Selon le même communiqué, les deux derniers bébés ont été également embarqués avec leurs mamans lors d'une descente de police dans un appartement du centre-ville. Ces femmes, accompagnées de leurs bébés, ont passé en moyenne quatre jours en détention avant d'être jugées. Elles ont été condamnées à  six mois de prison avec reconduite à  la frontière. Le 24 novembre dernier, la décision de refoulement a été exécutée. A la demande persistante de ces femmes, les bébés ont été confiés à  d'autres Subsahariens en situation régulière en Algérie. Selon le communiqué du Snapap, ces mamans ont menacé de se suicider si leurs bébés étaient embarqués avec elles pour le voyage de retour de 2300 km. Kottin Mbibo Laure est l'une des femmes qui se trouvaient dans l'appartement à  la place d'Armes. Elle s'est séparée de son bébé de 8 mois, Van Winter. «Nous avons été embarquées dans des camions, la traversée s'est déroulée dans des conditions très dures.» Et d'ajouter : «Dans chaque wilaya où nous nous arrêtions, un autre groupe de Subsahariens s'ajoutait au convoi.» Le trajet du refoulement à  partir d'Oran consiste à  passer par les wilayas de Mostaganem, Relizane, Tiaret, Laghouat, Ghardaïa, In Salah, pour arriver finalement à  Tamanrasset. Mme Kottin Mbibo a confié qu'elles sont actuellement 141 personnes, dont 14 femmes à  attendre la reconduite aux frontières : «Voilà une semaine qu'on est à  Tamanrasset, on nous donne pour notre repas deux baguettes de pain et une boîte de lait qu'on se partage à  quatre. On dort sur des cartons, on est tous tombés malades.» Mme Kottin Mbibo a lancé un appel aux autorités algériennes pour laisser libres les bébés que ces mamans ont abandonnés malgré elles. «Nos bébés sont Algériens, ils sont nés en Algérie, ils ont droit à  une meilleure vie que nous, la vie que nous voulions leur offrir.»Â Â 


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