Algérie

Quatre magistrats en grève de la faim au tribunal d'In Salah Ils dénoncent des injonctions du président de la cour de Tamanrasset



Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, ils dénoncent les «pressions et humiliations» dont ils font l'objet ainsi que les «injonctions illégales» qui leur sont «imposées» par le président de la cour de Tamanrasset.
Quatre magistrats du tribunal d'In Salah près la cour de Tamanrasset, au sud du pays, ont créé la surprise lundi dernier, soit 24 heures seulement après la conférence de presse du président de leur syndicat, Djamel Aïdouni, annonçant que le ministre de la Justice, Mohamed Charfi, s'était engagé à prendre en charge toutes les préoccupations des juges. Ils ont tout simplement entamé une grève de la faim et un sit-in de protestation à l'intérieur de la juridiction pour interpeller le premier magistrat du pays, le président de la République, sur les conditions dans lesquelles ils exercent leur métier de juge.
Dans une lettre adressée le même jour au ministre de la Justice, dont nous détenons une copie, les grévistes Amrani Chakib, Benjelloul Ahmed Amine Sadek, Bouarouri Souad et Idriss Khadidja Amina font état de graves accusations, de «pressions et insultes dont nous faisons l'objet quotidiennement de la part de nos responsables qui nous imposent des engagements et des instructions qui sont en violation de la loi et vont jusqu'à tenter d'impliquer les magistrats pour les exposer à des sanctions disciplinaires ('). Nous vous interpellons afin que vous mettiez en urgence un terme à ces agissements et que vous preniez en charge nos préoccupations, qui ne trouvent pas de solution devant notre impuissance face aux dérives». En fait, «cette situation a commencé lorsqu'une magistrate avait été sanctionnée pour avoir refusé de taper son arrêt. Elle n'est pas la seule», déclarent ses collègues, joints par téléphone. «Ils sont nombreux ceux qui subissent, depuis quelque temps, le courroux du président de la cour de Tamanrasset. Elle a décidé de faire une grève de la faim, trois de ses collègues l'ont suivie en signe de solidarité», révèlent nos interlocuteurs.
Hier en fin de journée, le procureur général et le président de la Cour se sont déplacés au tribunal d'In Salah pour discuter avec les grévistes, mais aucune réaction n'est venue du ministre de la Justice. Dans une lettre adressée à l'ensemble des magistrats du pays pour expliquer leur acte, les quatre grévistes déclarent qu'en dépit du fait qu'ils aient le statut de cadres supérieurs de la nation, leurs responsables n'ont «aucune considération» pour eux. «De ce fait, nous avons décidé d'entamer une grève de la faim et un sit-in à l'intérieur du tribunal jusqu'à ce qu'il y ait une intervention du premier magistrat du pays et du ministre de la Justice pour résoudre l'ensemble des préoccupations des juges, au niveau national, qui seront transmises à travers une liste comprenant toutes nos revendications et toutes nos propositions. A titre d'exemple, asseoir une égalité entre le pouvoir judiciaire et les autres pouvoirs en matière sociale et matérielle. Tout comme nous demandons une intervention rapide pour mettre fin aux problèmes au niveau des cours, faire cesser les agissements des présidents à l'égard des magistrats et que ces derniers soient protégés, comme énoncé par la Constitution.»
Les grévistes rappellent à leurs collègues qu'ils représentent «le pouvoir judiciaire» et qu'à ce titre, ils les exhortent à «en assumer les responsabilités qui en découlent dans l'intérêt de la justice et de sa promotion». Pour l'instant, les juges contestataires campent sur leur décision de poursuivre leur mouvement de grève tant qu'aucune réponse à leurs doléances ne leur est pas notifiée. Les motions de solidarité qu'ils reçoivent quotidiennement de la part de leurs collègues les encouragent, précisent nos sources, à aller de l'avant et créer la locomotive qui, selon eux, «mènera vers le changement».


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