Quatre heures et demie pour un Alger-Oran: Où en est l'autoroute Est-Ouest ?

Alors qu'il avait «prédit» le 10 juin que la mise en service du projet de la deuxième rocade d'Alger, devant relier Zeralda à Boudouaou (Boumerdès) sur près de 66 km, se fera graduellement à partir de la fin de juin dernier, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a tenu à assurer que cette rocade sera ouverte à la circulation avant la fin de cette année.

En marge de sa visite, dimanche dernier, aux ateliers de ce projet, le ministre des Travaux publics a précisé dans une déclaration à la presse que le taux d'avancement du projet qui traverse les wilayas d'Alger, Blida et Boumerdès, «a atteint 87 %» ajoutant qu'il sera progressivement ouvert à la circulation à compter de la semaine en cours. Dans le même contexte, M. Ghoul a indiqué que le tronçon reliant Zeralda à Douéra (environ 10 km) sera ouvert à la circulation «dans 4 à 5 jours à compter d'aujourd'hui (ndlr : dimanche)», un voeu pieux lorsqu'on sait que ce même ministre avait insisté, toujours le 10 juin dernier, auprès des responsables du projet pour l'ouverture de ce tronçon sensé réduire les problèmes de la circulation enregistrés chaque saison estivale sur les axes routiers de l'ouest d'Alger pour le 25 juin dernier. Ces exemples de retards enregistrés sur presque tous les tronçons de l'autoroute Est-Ouest illustrent parfaitement les craintes nourries par plusieurs cercles sur la viabilité des délais arrêtés. Mais il faut aussi reconnaître que de l'avis général des Algériens, qu'une grande bouffée d'oxygène parsème aujourd'hui la circulation routière entre, par exemple, Oran et Alger, dont le parcours de la distance ne nécessite plus aujourd'hui que quatre heures et demie de temps. Contre six à huit heures il y a encore quelques mois.

 Ces retards dans les livraisons, cependant, mettent à mal les déclarations « rassurantes » du ministre des Travaux publics qui avait, à maintes reprises, déclaré que «l'autoroute sera livrée avant les délais impartis», c'est-à-dire que le projet sera réceptionné avant le janvier 2010, délai initial de réalisation. «Nous sommes en avance par rapport aux délais fixés», déclarait alors M. Ghoul, annonçant dans la foulée l'élaboration prochaine d'un planning de réception anticipée de certains tronçons de cette autoroute. Des déclarations qui contrastent singulièrement avec les chiffres des taux d'avancement des travaux de l'autoroute fournis par la presse nationale, des pourcentages démentis par le ministre qui affirmait que le taux global d'avancement des travaux sur tout le tronçon est de 81 % et, au niveau du terrassement, il est estimé à 86 %. Dans le détail, le tronçon Est, long de 399 km, est avancé à 74 %, celui du Centre, de 169 km, à 85 %, alors que celui de l'Ouest, de 359 km, en est à 86 %. Au cours de sa visite d'inspection, M. Ghoul a déclaré que la fin des travaux du tronçon reliant Douéra à Khemis El-Khechna (45 km) est prévue dans deux mois. Il a également indiqué que le 3e et dernier tronçon qui devrait relier Khemis El-Khechna à Barahmoun (Boumerdès) sur une distance de 11 km sera ouvert à la circulation dans 3 mois. Par ailleurs, le Groupement d'entreprises en charge de la réalisation du projet doit parallèlement achever les bretelles reliant la 2e rocade à la ville technologique de Sidi Abdallah, l'aéroport international d'Alger et un certain nombre d'agglomérations et infrastructures socio-économiques, a fait savoir M. Ghoul, qui a insisté sur l'impératif de la coordination entre les autorités concernées pour protéger les terrains situés à proximité de cette route «et empêcher la création des habitats anarchiques» «vu l'importance socio-économique du projet», une manière comme une autre de préserver la côté jardin de l'Algérie et éviter d'offrir aux étrangers l'image désolante de ces bidonvilles qui se dressent à la lisière de la République. Il est à rappeler que la 2e rocade d'Alger permettra d'absorber environ 70 % des véhicules qui empruntent actuellement la rocade reliant Ben Aknoun à Dar El-Beïda. A titre d'information, la construction de l'autoroute Est-Ouest a été confiée en octobre 2006 à des groupements asiatiques. Les Chinois du Citic-Crcc pour les lots Centre et Ouest et les Japonais de Cojaal pour le lot Est pour un coût total de 11,4 milliards de dollars. S'étirant sur 1 216 km, le projet compte aussi plusieurs ouvrages, dont 524 ponts, 90 viaducs et 6 tunnels.

 Cette infrastructure autoroutière représente actuellement le plus grand chantier routier en Algérie. Elle s'inscrit dans le sillage de la loi sur l'aménagement du territoire et le développement durable. Elle permettra de desservir les principaux sites économiques et grands centres urbains implantés sur son axe. L'autoroute Est-Ouest s'intègre évidement dans le grand projet régional de l'autoroute de l'Unité maghrébine (UMA) d'un itinéraire total de 7 334 km, qui reliera, à terme, Tripoli à Nouakchott.