Algérie

Quatre chemins de Béjaïa : Les 54 commerçants perdent patience



Les responsables nous ont tourné le dos», disent, dépités, les anciens commerçants des Quatre chemins, qui ont accepté la démolition de leurs locaux pour la réalisation d'un échangeur.Après avoir fait confiance aux autorités concernant l'attribution de nouveaux locaux, ces commerçants se sentent aujourd'hui trahis après 15 mois passés au chômage depuis la fin mars 2018. C'est le sentiment qu'ils éprouvent.
Le désarroi les a poussés récemment, a témoigné le maire de Béjaïa lors d'une conférence de presse animée la semaine passée, «à aller réoccuper les lieux. Ils ont commencé le traçage, avant que la police n'intervienne pour les en empêcher». «Nous sommes en chômage depuis 15 mois et à présent toutes les portes sont fermées», déclare l'un d'eux, contrarié.
Les retombées socio-économiques de la disparition de leurs commerces sont désastreuses. Ces commerçants subvenant dignement aux besoins de leurs familles se retrouvent réduits au chômage forcé, certains d'entre eux recourent aux aides des associations pour vivre. Aujourd'hui, aucune solution ne pointe à l'horizon.
Pire, leur dossier revient à la case départ. Le maire a expliqué qu'un «dossier est en cours d'élaboration pour le soumettre une nouvelle fois au wali».
L'une des solutions proposées l'an dernier par les services de l'APC a été rejetée par les commerçants. Il s'agit de l'achat par l'APC de locaux au niveau de la cité dite de l'Edimco, mais cet espace s'avère exigu, ne pouvant contenir qu'une vingtaine de commerces.
L'option de la zone portuaire, qui a été également proposée pour accueillir les restaurants et les débits de boissons alcoolisées a reçu un refus catégorique de l'actuel wali, Ahmed Maâbed. «Ne me parlez pas de la zone extra-portuaire», avait répondu le wali, raconte Hocine Merzougui. Certaines propositions émanant de l'APC ont été déclinées par l'administration, comme l'installation des commerçants à proximité du stade OPOW, où l'on n'exclut pas un projet d'extension.
Promesses des walis
La délocalisation vers les 500 locaux de Sidi Ali Lebhar destinés aux jeunes, à la sortie est de Béjaïa, n'est plus envisageable. «L'actuel wali veut en faire un CHU», une option que le maire ne partage pas d'ailleurs, étant donné «qu'un tel projet doit avoir besoin de plusieurs hectares», précise-t-il.
En effet, le transfert de ces locaux au profit du ministère de la Santé pour y aménager des services qui seront rattachés au CHU de Béjaïa a été avalisé. De plus, pour les commençants, «les locaux de Sidi Ali Levhar ne conviennent pas aux activités commerciales du fait de l'éloignement de cette cité-dortoir du centre urbain».
Le retard mis dans l'attribution de nouveaux locaux à ces commerçants a également emporté quelques dizaines d'emplois qui se greffaient aux activités commerciales. Ils sont pas moins de 54 commerçants dont les locaux ont fait objet de démolition pour la réalisation de l'échangeur des Quatre chemins. Les autorités locales ont pu déloger ces commerçants à coup de promesses et d'un argumentaire alléchant, qui consistait en leur réinstallation dans de nouveaux locaux.
Les promesses étaient faites du temps du wali Mohamed Hattab, promu ministre de la Jeunesse et des Sports. L'actuel président de l'APC et quelques membres de son exécutif ont été également bernés et se retrouvent aujourd'hui avec un dossier qui engage le sort de dizaines de familles.
Le maire reconnaît qu'il avait cru aussi à l'engagement des walis. «Mohamed Hattab a certifié qu'il allait régler le problème en proposant des locaux à Sidi Ali Lebhar et la zone extra-portuaire (l'arrière-port), ce qui a rassuré l'exécutif communal à l'époque», a déclaré le P/APC.
Mieux, Toufik Mezhoud, l'ex-wali intérimaire, aujourd'hui wali de Annaba, a même affirmé aux concernés qu'«il est l'avocat» qui défendra leur dossier, ajoute le maire. Aujourd'hui, les 54 commerçants comptent sur l'actuel wali et la bonne volonté du nouvel exécutif communal pour faire cesser leur calvaire.


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