Quatre arrestations après l'attaque d'une pharmacie à Alger

En dépit des dispositions pénales incluses dans la loi 04-18 qui prévoit une amende et une augmentation de la peine des agresseurs qui ciblent les pharmaciens, passant d'un an à trois ans, les pharmaciens continuent d'être la cible d'agressions. La dernière en date, une violente agression à l'arme blanche qui a ciblé une pharmacie à Bab Ezzouar, à Alger, dont les auteurs ont été arrêtés par les services de la police.

Dans un communiqué rendu public vendredi, les Services de sûreté nationale ont indiqué qu'ils ont procédé à l'arrestation de quatre (04) personnes d'une même famille, dont une femme, après avoir attaqué le personnel d'une pharmacie située à Bab Ezzouar, à Alger. Les Services de sécurité ont récupéré (03) armes blanches de grande taille (épée et couteaux) et (02) battes de baseball utilisées lors de l'assaut.

L'affaire, précisent les Services de police, remonte à la soirée du lundi 22 juillet 2024, lorsque le centre de commandement de la Sûreté d'Alger a reçu un appel indiquant que les employés d'une pharmacie, située dans la commune de Bab Ezzouar avaient subi une agression avec des armes blanches. Les auteurs de l'agression sont en fait quatre membres d'une même famille, dont deux personnes ayant un précédent judiciaire, selon les services de la police. Les motifs de l'agression seraient liés à leur tentative d'acquérir des substances psychotropes, précise-t-on dans le communiqué. Soulignant que les suspects seront présentés devant la justice, dans le cadre de l'affaire de constitution d'un gang de quartier dans le but de semer la terreur et d'agresser les citoyens.

Les images de la vidéosurveillance, montrant la pharmacie attaquée par un groupe muni d'armes blanches, agressant physiquement les employés, ont été partagées rapidement sur les réseaux sociaux. Suscitant l'indignation des internautes et des citoyens en général.

Au même titre que l'ensemble des syndicats du secteur, l'Association Nationale des Pharmaciens Algériens (ANPHA) a déploré «l'attaque criminelle contre une pharmacie d'un confrère et contre son personnel entraînait des blessures graves». Le président de l'Association nationale des pharmacens algériens (ANPHA), Mouad Tabaïnet, a affirmé au «Le Quotidien d'Oran» que cette attaque et d'autres passées laissent, à chaque fois, une panique et des inquiétudes parmi les professionnels de la pharmacie, au niveau du territoire national. Et de préciser que ce phénomène des agressions ne se limite pas à ce genre d'attaques criminelles, soulignant que «les pharmaciens et leurs collaborateurs subissent nombreuses formes d'agressions verbales et non verbales ainsi que des menaces, au quotidien, à cause des responsabilités pharmaceutiques assumées mais qui ne sont pas médiatisées. Et de signaler que les officines pharmaceutiques, en Algérie, sont au nombre de 12.000 réparties à travers tout le territoire national et certaines d'entre elles sont installées dans des zones isolées. Ne disposant pas d'assez de sécurité, d'accessibilité et de liaison avec le réseau routier. Ce genre d'incident connaît une augmentation alarmante, que ce soit dans notre pays ou dans plusieurs régions en Afrique et même partout dans le monde, mettant en péril la sécurité des pharmaciens, les membres du personnel et les patients, précise-t-il.

Les causes majeures de ces attaques, nous dira M. Tabainet, sont multiples et complexes, notamment la recherche de médicaments contrôlés, les vols à main armée, les tentatives de vol et autres actes criminels, en relation avec les médicaments et les biens de la pharmacie.

Pour le président de l'ANPHA, il est nécessaire de prendre des mesures immédiates pour remédier à cette situation inquiétante. À cette fin, dit-il «nous encourageons vivement les autorités, les organismes de sécurité et les parties prenantes à collaborer avec les représentants des pharmaciens d'officine pour élaborer des solutions concrètes et réalisables».

Il préconise, entre autres mesures, de renforcer la sécurité, en mettant en place des protocoles de sécurité renforcés, tels que des systèmes de vidéosurveillance connectés et centralisés autour des pharmacies. Renforcer, en outre, la présence policière et élaborer des stratégies de prévention spécifiques aux pharmacies, dans des zones spécifiques et avec les régimes de prestation spécifiques telles que les gardes. Sensibiliser et former parallèlement, le personnel de la pharmacie à réagir de manière adéquate en cas de situation d'urgence, et assurer leur sécurité et celle des patients.

Notre interlocuteur recommande une législation appropriée, en plaidant pour des lois strictes et des peines sévères pour dissuader les criminels de s'attaquer aux pharmacies. Et de classer tout type d'agression comme criminel, même verbale qui peut s'intensifier et devenir un acte dangereux et mortel.