Algérie

Quartiers populaires



Sous l?opulence, l?instinct de survie Les quartiers populaires à Oran sont à présent réduits à de vielles bâtisses qui entourent un décor surréaliste de toutes formes, avec un dénominateur commun : le mur d?enceinte et la porte en fer. Le long des rues, une alchimie de styles sans harmonie. Fini le charme suranné de la patine des vieilles pierres. Aujourd?hui, si c?est ancien c?est forcément en ruine. Dans le monde entier, le quartier populaire est l?âme d?une ville, c?est aussi l?expression la plus authentique de l?originalité d?un peuple. Cette spécificité est évidente à travers l?expression artistique et surtout l?urbanisme. Celui-ci répond à une attente particulière du citoyen : celle de l?osmose avec son passé et ses repères les plus intimes. La maison « maure » existait en opposition avec la villa coloniale : son architecture était centrée autour d?une cour fraîche et ombragée, les vasques et les céramiques en camaïeu vert et bleu étaient présentes mêmes dans les maisons modestes. C?était là encore le cas bien après l?indépendance où même les familles très « émancipées » mariaient harmonieusement les deux styles : le traditionnel dit « mauresque » et l?occidental. Mais il y a pire : dans ce qui avait pu configurer l?âme d?Oran, il y a le « bunker » du nouveau riche qui côtoie la maison d?un oranais moyen, généralement dégradée. Dans les vieux quartiers de Sidi Blel, Sidi El Houari, Sidi El Hasni, Sabalet Tolba, M?dina J?dida, El Hamri et Medioni, les trottoirs sont défoncés et les façades des maisons grisâtres et décrépies. A M?dina J?dida, maintenant, vers 18h, après l?agitation commerciale, ce sont la morosité et la grisaille, sauf en été où les affaires se poursuivent tard dans la nuit. Là aussi le décor de ce quartier, jadis populaire devenu « populeux », manque à présent totalement de charme et d?attraits. Souvenons-nous jadis, à 6 heures du matin, les beignets chauds, le thé à la menthe dans les cafés et les voix chaudes de cheikh Madani et Mohamed Abdelwahab. Le mouvement populaire est toujours présent, mais son essence se diversifiée dans une multitude d?influences, le plus souvent aux antipodes de nos traditions. Oublier la misère L?exode rural, de son côté, a encombré l?espace au détriment de l?activité agricole, sans ramener les valeurs ancestrales de nos campagnes. La malice paysanne au contact du citoyen des villes s?est transformée en roublardise, dénuée de faconde et de bonne humeur. Triste époque où même la nostalgie nous est difficile ; fastidieux d?ailleurs de retrouver ses mécanismes dans le brouhaha du décor architectural à Oran. La sève populaire joviale et sympathique a laissé place à l?instinct de survie et aux combats de l?ombre. Même l?austérité et le puritanisme ambiants semblent n?être qu?une pause dans le temps, comme une « régression féconde », authentique celle là, dominée par deux phénomènes de société : l?esprit mercantile et l?omniprésent raï. Le triomphe de cette expression musicale est comme un cri pour hurler son existence. Une merveille de paradoxe entre un superbe « rythme and blues » et un texte indigent voué à la consommation immédiate. Survivre et vibrer, s?étourdir et oublier la misère morale, le chômage, la vie chère et?les pénuries.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)