Algérie

Quand Washington approuve la terreur d'Etat



Quand Washington approuve la terreur d'Etat
Un procès fleuve [ouvert en février 2013] vient de connaître son épilogue vendredi en Argentine par la condamnation à la prison de 15 anciens officiers et un ex-chef d'Etat survivant (Reynaldo Bignone 88 ans). L'ex-président tortionnaire argentin Jorge Rafael Videla, qui faisait partie des accusés est mort en prison le 17 mai 2013. La Justice argentine a ainsi levé le voile sur une sulfureuse coalition des dictatures latino-américaines [Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Paraguay, Uruguay] dont les services secrets et les polices politiques avaient mission de traquer les opposants, marxistes et autres révolutionnaires et guérilleros. Ces dictatures, qui appliquaient la répression sans frontières s'entraidaient pour donner la chasse à ceux qui ne se soumettaient pas ou s'opposaient à leur gouvernance. C'est ainsi que les gouvernements de gauche - cf; le coup d'Etat contre le président chilien Salvatore Allende et son assassinat par la junte de Pinochet en septembre 1973 - ont été éradiqués par la terreur et les putschs militaires. La terreur! C'est par la terreur qu'ont régné les dictatures sud-américaines. C'est aussi dans ce contexte que fut mis sur pied ce qui sera connu sous le nom d'«Opération Condor»: l'assassinat des opposants (marxistes et hommes de gauche) aux pouvoirs dictatoriaux latino-américains. Outre les opposants politiques, cette terreur d'Etat visait également les mouvements révolutionnaires sous le sceau d'une dite «doctrine de la sécurité nationale». Ce sont ces faits que le tribunal de Buenos Aires eut à examiner et à mettre en lumière au long des trois dernières années. L'Opération Condor s'est faite sous l'approbation de Washington, comme en attestent les témoins et des documents états-uniens déclassifiés. Il ressort que les Etats-Unis - même s'ils n'ont pas participé directement (') à la curée - étaient au courant de l'existence de ce plan dont l'objectif était de se débarrasser par la violence des opposants et révolutionnaires. Des agents de la CIA ont [auraient] ainsi participé aux enquêtes et recherches sur ces opposants. A un ministre argentin qui le mettait au fait du plan Condor, Henri Kissinger - secrétaire d'Etat du président Richard Nixon - a eu ces mots [rapportés lors du procès et dans un document versé au dossier d'accusation]: «S'il y a des choses qui doivent être faites, faites-les rapidement. Mais vous devez reprendre rapidement les procédures normales.» En d'autres termes, le chef de la diplomatie états-unienne, loin de s'opposer aux tueries qui se préparaient, leur a donné son «feu vert». En fait, les dictatures qui se sont installées au pouvoir en Amérique latine entre 1960 et 1975, ont toutes été aidées directement ou indirectement par le gouvernement états-unien et par son «bras armé» la CIA qui joua un grand rôle dans la chute du président Allende au Chili. Les juntes militaires latino-américaines mirent sur pied des escadrons de la mort qui opéraient y compris à l'étranger y pourchassant les opposants. Cela a été le cas pour l'ex-ministre chilien de Salvatore Allende, Orlando Letelier, assassiné à Washington DC, en même temps que son assistante Ronni Moffitt, le 21 septembre 1976 par la Dina (services secrets chiliens). L'affaire avait fait alors grand bruit dans le monde, embarrassant les Etats-Unis qui, sans doute, ne s'attendaient pas à ce que les tueurs latino-américains opèreraient sur leur territoire. Or, en ne disant pas non à cette épuration en règle, les Etats-Unis ont été complices de ce que les défenseurs des droits de l'homme considèrent comme des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Qui jamais jugera les Etats-Unis qui sont, peu ou prou, responsables des crimes (comme en Irak) qui ont émaillé le monde lors des six-sept dernières décennies. Les Etats-Unis, certes, mais la France n'était pas en reste dont de nombreux analystes estiment qu'elle «pourrait également avoir une responsabilité dans l'exportation des techniques de guerre subversive utilisées pendant la guerre d'Algérie». Des chefs de l'OAS - qui a semé la terreur en Algérie - se sont réfugiés surtout en Argentine et au Chili où ils ont trouvé à employer leurs méthodes de «pacification» expérimentées contre les Algériens. Ainsi, l'ancien ministre français des Armées, Pierre Messmer, admet que son gouvernement avait mis en place de 1959 à 1981 une mission militaire française permanente à Buenos Aires qui procurait des conseillers aux troupes argentines. Le général tortionnaire, de triste mémoire, Paul Aussaresses, a été attaché militaire au Brésil en 1973, et enseigna au Centre d'instruction de la guerre dans la jungle. Paris était une «prestataire» de service. Ce que confirme Marie Monique Robin, dans son documentaire «Escadrons de la mort, l'école française» dans lequel, le général Contreras, ex-chef de la Dina, affirme: «C'est la DST qui a le plus coopéré. C'était un service de renseignement ami.». Ce sont donc lesdites «démocraties» qui ont enfanté la dictature, pour leur standardisation du monde sous leur domination.


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