Algérie

Quand une mémoire éclaire, quand sa mémoire enseigne..



Quand une mémoire éclaire, quand sa mémoire enseigne..

Vous qui êtes sûrs d’avoir tout compris, vous qui être sûrs de connaitre votre patrie, faites une halte et interrogez la perle du Maghreb, interrogez-la puis interrogez-vous. Vous aura-t-on tout appris ? Notre patrimoine, l’avez-vous saisi ? Sortez du déni.

L’a-t-on nommée « L’impériale », car majestueuse elle fut, majestueuse elle reste. Des hommes et des femmes, ayant bâti un empire artistique et culturel prénommé Tlemcen, poursuivent tant bien que mal leur élan en honorant leur mission de gardiens du temple et de préservateurs d’un ensemble de biens et de liens qui les maintiennent adonnés à leur mœurs et valeurs.

Son vécu fait valoir une histoire, celle d’un héritage hors de prix.

 « Tlemcen, la ville du textile », a-t-on dit. El Hadj Ali s’en réjouit. Il est un brave tisserand qui a marqué son temps. A 94ans, El Hadj Ali retrace, avec exactitude, étape par étape ayant conçu son passé et fait part d’une réalité.

Il se remémore cet homme venu de Boussâada en 1935, ce marchand entêté qu’il a connu, ces séquelles de guerres qui perdurent, ces demeures où il faisait bon vivre. Il se remémore un patrimoine qu’il s’est approprié, dont il s’est imprégné pour se forger.

 

 

 

Pour lui, le mot « textile » renvoie à la famille. Un trésor légué, il en a fait son métier.

El Hadj Ali note qu’ « El Fota » existait jadis à Tlemcen, ils la façonnaient pour qu’elle soit portée bien avant que les kabyles eux-mêmes n’en volent la vedette.

En dépit de l’origine algéroise du Haïk, il représente une merveille tlemcenienne, son tissu était lourd et épais, doté d’une laine précieuse que l’on venait s’arracher. El Hadj affirme que d’innombrables marchands étrangers se déplaçaient afin de contempler la qualité du textile ainsi que la finesse du travail pour l’acquérir par la suite.

Or, les temps changent, l’homme s’adapte et évolue. Sommes-nous destinés, condamnés au changement, aussi inutile pourrait-il être ? Est-ce irréversible ? Notre présent nous le dépeint.

Un homme rattaché à ses principes et coutumes, il voit en « l’évolution » un concept néfaste qui ébranle nos rites et traditions. Le textile n’est plus ce qu’il était, nos valeurs ne sont plus d’actualité, l’argent s’est emparé des moralités.

Il dénonce cette distorsion qui a ôté tout son charme et son intérêt au traditionnel. Il dénonce ces personnes qui prétendent le préserver mais qui se remplissent les poches, plutôt, sans tarder. Il dénonce une société avide de pouvoir et d’argent qui a mis de côté les traditions pour en venir à la perversion.

 

 

 

 

 

El Hadj Ali parle du fameux Bourabeh et des tapis, comme s’il en était l’égérie, se hâtant de montrer son inestimable djellaba faite de soie datant de 1948.

Il se remémore sa vie, se remémore chaque partie en faisant part d’un fabuleux rappel à l’ordre des plus belles choses dont on a claqué la porte.

Vous qui êtes sûrs d’avoir tout compris, vous qui être sûrs de connaitre votre patrie, faites une halte et commencez par tendre l’oreille à l’Hadj Ali.

 

  

  

 

Texte : Merad Boudia

Photos : Hichem / Collection privée de Mr Hadj Ali

Reportage proposé par : Mr Achachera Djawed que nous remercions particulièrement pour sa contribution active à la préservation de la mémoire et du patrimoine tlemcenien à travers sa page facebook.

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