Quand un artiste algérien lève le voile sur un artiste français

Une fresque géante du peintre français François Fauck, qui a vécu en Algérie dans les années 1950 et les années 1960, a été découverte dernièrement à Oran, sur le mur d'un local appartenant à une entreprise publique. Cette ?uvre de 29 mètres de long et de 6 mètres de large se trouve sur le mur d'un local servant pour le contrôle technique de véhicules appartenant à la Sonelgaz, au quartier Emir-Abdelkader de la ville d'Oran.Réalisée selon les anciennes techniques avec de l'argile et en bas relief, l'?uvre représente les douze signes du Zodiaque en plus d'autres motifs. Noré Mekhissi, le chargé de la communication de la Direction de la culture, également membre d'une commission mise sur pied pour étudier les possibilités de valorisation de cette fresque, a indiqué que la Direction de la culture avait appris l'existence de cette fresque durant le Salon des arts plastiques, tenu récemment à Oran. C'est grâce à un artiste que cette importante découverte a été faite.
«Un des artistes participant à cet évènement a signalé l'existence d'une fresque, signée par l'artiste François Fauck sur un grand mur d'un garage de contrôle technique de véhicules», a précisé Mekhissi. Des spécialistes ont été, ensuite, dépêchés sur les lieux pour identifier avec exactitude cette ?uvre d'art qui date des années 1950. La commission a effectué, depuis, plusieurs visites sur les lieux. Elle étudie maintenant la possibilité de restaurer la fresque, qui a subi certaines dégradations, ainsi que son éventuel déplacement vers un autre lieu où elle serait mieux valorisée et plus visible. Noré Mekhissi a indiqué qu'il faudrait d'abord déplacer la fresque, la restaurer et compléter certaines parties manquantes, avec le concours d'artistes spécialisés, avant de la placer dans un endroit visible pour mieux la valoriser. «L'esplanade du nouveau stade olympique à Belgaïd figure parmi les propositions de placement de cette valeureuse fresque», a-t-il fait remarquer.
François-Raymond Fauck est né le 11 novembre 1911 à Lille en France de parents belges. A l'âge de 18 ans, il se fait naturaliser français afin d'obtenir la bourse des Beaux-Arts de Lille puis celle de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il obtint de brillantes récompenses et distinctions, parmi lesquelles le premier Grand Prix de la Ville de Lille et une médaille au Salon des artistes français. Il est sociétaire et lauréat de la Société coloniale, sociétaire de la Société nationale des Beaux-Arts. Il obtient en 1945 le Prix Abdeltif et devient pensionnaire de la villa Abdeltif à Alger durant deux ans. Ce séjour sera particulièrement profitable dans l'épanouissement de son art et l'incite à se fixer en Algérie comme directeur du Centre d'artisanat d'Oran en 1947. Il sera notamment couronné en 1954 par l'obtention du Grand Prix artistique de l'Algérie. Il devient plus tard inspecteur départemental de l'artisanat pour l'Algérie et se fixe alors à Tlemcen. Il restera dans les mêmes fonctions jusqu'en 1964. A Oran, après le 5 juillet 1962, il sera conservateur du musée Demaeght, aujourd'hui musée Ahmed-Zabana. Ses ?uvres se rattachent au mouvement pictural de la «Réalité poétique». Durant son séjour en Algérie, il a peint des paysages de plusieurs villes du pays comme Alger, Oran, Tlemcen, Constantine et le Sud. Il est un artiste qui dit avoir trouvé également son inspiration dans les motifs et créations de l'artisanat arabe et berbère. Décédé à Paris en 1979, il est enterré au cimetière de Grenelle.
Kader B.