Algérie

Quand tout le monde se supporte



Refuge - Mais il est clair qu'il reste encore pour les anciens des îlots où ils sont comme des coqs en pâte.
Ce qui est valable pour les grandes villes particulièrement celles du littoral ne l'est pas forcément pour les villes moyennes et les villages. Là, les choses sont différentes et même diamétralement opposées. De par la taille de ces agglomérations qui ont toujours une vue sur la campagne, les citoyens ont fini par tisser entre eux des liens solides d'amitié et de bon voisinage et maintenir entre leurs membres le respect des anciens. Lorsqu'un conflit éclate entre deux familles par exemple, inutile d'aller chercher la force publique ou de porter plainte devant les gendarmes, un ou deux anciens délégués par la population se font un devoir de calmer les esprits dans les deux camps et de ramener par la persuasion la paix dans les foyers.
Et lorsque les choses se compliquent et prennent une dangereuse tournure, un comité de sages composé de plusieurs anciens fait pression, même par le biais de leurs femmes sur les protagonistes jusqu'à ce qu'ils se résolvent à s'asseoir à la même table et à se serrer la main. Dans l'arrière-pays l'ancien reste synonyme de baraka et symbolise auprès des jeunes la sagesse et la circonspection. Le meilleur exemple, en tout cas le plus parlant, nous vient de ce que l'on pourrait appeler la «débureaucratisation» volontaire de certaines administrations, comme celle d'Algérie Poste. Tout le monde sait que tous les 22 du mois, les retraités qui sont en général des personnes âgées font la chaîne à la poste dès l'ouverture des guichets pour encaisser leurs pensions. Avec ce que cela suppose comme bousculades, vexations et humiliations de toutes sortes. Et du reste, rien n'est fait pour adoucir leur calvaire qui peut durer toute la journée.
Dans ces hameaux où les bureaux de poste sont étroits, petits et exigus, l'administration soucieuse de faciliter les choses à toutes ces femmes et à tous ces hommes fatigués déjà par l'âge, tolère une pratique où tout le monde trouve son compte.
Un volontaire connu par la population pour son honnêteté et qui n'est donc rétribué par personne, reçoit les chèques et les cartes nationales des retraités au seuil même de l'établissement, les classe et les aligne au guichet en fonction de leur arrivée. L'ancien, lui, est libre d'aller faire ses courses ou même son marché ainsi débarrassé de la chaîne. Et lorsqu'il reviendra une heure ou deux heures plus tard, le bénévole qui connaît tout le monde, l'invite alors à entrer au bureau, à signer et à récupérer son argent.
Le système est simple, souple et évite la promiscuité, les longues heures d'attente éprouvante et les scènes de désordre et de pagaïe inutiles.
Dans certaines petites villes de l'intérieur du pays où l'activité cesse à partir de 20h 30 ou 21h, les anciens, pour rendre service à un voisin qui est tombé malade au beau milieu de la nuit, n'hésitent pas à réveiller le pharmacien et à le tirer du lit sans que ce dernier se formalise sachant que la démarche du vieillard n'est certainement pas fantaisiste, mais urgente.


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