Algérie

Quand téléphonie rime avec cacophonie



Et dans ce chapitre, la liste des comportements inciviques relevés par les personnes interrogées s'avère longue entre musiques agressives, sonneries intempestives et autres dérèglements sociaux. «J'ai vu des gens brailler dans leur portable en plein enterrement», s'indigne un citoyen. En plein amphi, à  l'hôpital, au cimetière, à  la mosquée, au tribunal, au milieu d'un briefing, il est devenu presque impossible de se prémunir d'une sonnerie déplacée. «Les Algériens ne connaissent décidément pas la fonction silencieux ou vibreur de leur portable», s'emporte une ménagère. Une prof de français dans un collège raconte : «Dans ma classe, c'est la foire. Presque tous mes élèves ont un portable et ça résonne à  tout bout de champ.» Dans des situations nécessitant une acoustique particulière, les appels impromptus s'avèrent particulièrement rageants : «On ne peut plus aller à  un concert en Algérie», s'agace une jeune mélomane. «Un jour, je suis allée avec mon frère voir un concert de jazz. C'était la cacophonie totale avec les portables qui sonnaient à  tout rompre. J'ai dû quitter la salle.» Idem au cinéma ou au théâtre où il n'est plus possible d'apprécier un moment d'évasion sans se voir ramener brutalement au quotidien par une irruption sonore tapageuse. Au chapitre des désagréments toujours, d'aucuns insistent sur les abus constatés dans l'utilisation de certaines fonctionnalités, notamment la vidéo. «Je n'ose plus descendre à  la plage alors que c'est tout près de chez moi. Des jeunes ont désormais la manie de faire des tofs avec leurs portables en ciblant les jeunes filles», témoigne une vacancière. Parfois, cela va plus loin. Ainsi, El Khabar rapportait récemment l'affaire d'un jeune homme qui a comparu devant le tribunal pour avoir souillé l'honneur de son ex-fiancée par portable interposé. Après l'avoir enlevée, séquestrée, il a abusé d'elle avec la complicité d'un acolyte en la filmant dans des postures avilissantes avec son téléphone. Il s'est ensuite attelé à  diffuser ces vidéos auprès de son réseau de connaissances. Last but not least : il convient d'ajouter l'incongruité des musiques faisant office de sonnerie et qui tranchent parfois violemment avec le «statut» affiché. Mais il est vrai que les goûts, «les sons» et les couleurs ne se discutent pas…
 


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