Algérie

Quand sonnera le réveil !



Que ferons-nous si le prix du pétrole venait à chuter ? Cette question, sans cesse posée par les chercheurs algériens, ne semble pas intéresser outre mesure ceux qui ont le pays en charge. Au mieux, ils rétorquent que le prix du baril a encore de beaux jours devant lui; au pire, ils reprochent aux autres leur pessimisme et, parfois même, leur mauvais augure. Et pourtant ! Il faudrait se rendre à l'évidence que seul le travail humain est en mesure de créer durablement la richesse. Que tout autre moyen ne peut être que passager, voire éphémère, qui, lorsqu'il est substitué à la créativité, à la productivité et à la sueur des hommes de manière générale, génère ces comportements que nous connaissons et qui, pour le moins que l'on puisse dire, assassinent la valeur travail et ridiculisent l'effort. Le pétrole, au lieu de servir la base de développement économique et social, comme cela se passe ailleurs, a tué chez nous jusqu'à l'envie de travailler et il a érigé le comportement rentier en principe et l'amour du gain rapide et facile en devise. L'importation de produits finis remplace la production, l'importation de services se substitue au développement du génie humain local et l'importation de main-d'oeuvre enfonce et achève ce qui reste comme force et envie de travail. Si nous, aujourd'hui, n'arrivons pas à comprendre au nom de quoi l'avenir de notre pays est si sérieusement hypothéqué par une gestion d'un demi-siècle d'indépendance sur laquelle il y aurait énormément à dire, nos enfants ne pourront pas, pour leur part, nous pardonner d'avoir ainsi joué avec leur sort et leur vie ! Il y a eu trop de gaspillage ! Et il y en aura encore plus tant que nous trouvons plus pratique et plus confortable d'importer nos solutions, dussent-elles ne pas convenir à nos problèmes. Il y aura aussi du gaspillage tant que des budgets colossaux sont affectés à des festivals sans contenu et sans effet, alors que certaines grandes villes manquent de camions de voirie, que les forêts brûlent sans qu'un canadair, sans qu'un seul canadair décolle pour tenter de limiter les dégâts. Il y aura du gaspillage tant que, pour nous convaincre d'un semblant de travail, nous cultivons la manie de refaire les trottoirs des centres-villes à chaque visite d'un haut responsable, à chaque festival, à chaque fête nationale, à chaque fête locale, bref, à chaque occasion réelle ou supposée ! Lorsque le prix du pétrole chutera, et cela arrivera sans conteste dans des semaines, des mois ou des années, nous aurons consommé tout ce qui nous restait de volonté et de force. Nous ne pourrons plus importer la baguette de pain et nous ne saurons même pas la produire chez nous car on aurait alors besoin de toutes ces activités que nous avons enterrées, sans gêne, lors de notre ivresse «pétrolesque !».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)