Lors d’une réunion avec les cadres de l’organisation, il a déclaré aux syndicalistes qu’ils sont «libres» de défendre les intérêts des travailleurs et les a assurés de la solidarité de la centrale.Devant un parterre de secrétaires nationaux, de fédérations et d’unions de wilaya, le patron de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger le patronat privé et public ainsi que le gouvernement qui, selon lui, «font dans la provocation». «Ils nous disent que vous ne pesez rien et que les autres ont leur mot à dire parce qu’ils occupent la rue (…).
Nous n’avons pas fui nos responsabilités syndicales et nous ne sommes pas des fonctionnaires. Nous pensons que le dialogue est le seul moyen qui permette de résoudre les problèmes», a-t-il expliqué. Il met en garde «certains responsables qui croient que notre silence est un chèque en blanc», en disant : «Je leur dis attention, ne touchez pas au pilier de la stabilité sociale. Ne jouez surtout pas avec le feu.» D’une voix coléreuse, le secrétaire général de l’UGTA s’offusque «des attaques administratives et politiques» contre son organisation. «La zone industrielle de Rouiba, avec toute l’histoire qu’elle traîne derrière elle, subit des attaques graves de la part de l’administration. Une trentaine de cadres syndicaux et de travailleurs ont été sanctionnés ou licenciés par leur employeur. J’ai tout fait pour calmer les esprits et éviter des situations de désordre. J’ai dit aux travailleurs que le moment n’est pas propice pour occuper la rue parce qu’ils seront les seuls à payer la facture. Je sais qu’ils peuvent être patients.
Mais jusqu’à quand ' Jusqu’à ce que la situation nous échappe ' Non. Aujourd’hui, je vous dis vous avez ma solidarité et celle de l’état-major de l’UGTA pour prendre toute mesure que vous jugerez utile pour l’intérêt des travailleurs», a lancé Sidi Saïd. Pour ce dernier, les «dépassements» commis par le gouvernement et le patronat à l’égard de l’UGTA «sont une humiliation pour nous tous». A ce titre, il rappelle le courrier qu’il a adressé le 1er décembre aux ministres du Travail et de l’Industrie, leur demandant de prendre les mesures nécessaires, «mais à ce jour, aucune réponse ne nous a été donnée. Ils doivent savoir que la stabilité sociale ne peut être garantie que si les deux parties, employeurs et employés, respectent leurs engagements. Je constate que de l’autre côté, rien n’est fait. Personne ne veut assumer ses responsabilités. Alors, je dis aux travailleurs de la zone industrielle : je vous libère.
Allez défendre vos droits comme vous le voulez, sans pour autant que ça soit dans le désordre». Reprenant un peu son souffle, Sidi Saïd a rappelé à l’assistance que «le dialogue social repose de sur la résolution des problèmes des travailleurs» et, de ce fait, «il ne peut accepter de jouer avec la crédibilité de l’organisation vu que les autres ne respectent pas leurs engagements. Des responsables nous ont clairement dit que nous n’aurons rien parce que nous ne faisons pas comme les autres. Alors je dis qu’à partir d’aujourd’hui, nous ferons comme les autres sans pour autant aller vers le désordre». Le secrétaire général précise : «Mon message ne vise pas le Président, qui est le garant de la stabilité et de l’Etat et de l’UGTA.»
Une situation sociale critique
Le message est clair. Le patron de l’UGTA vise en premier lieu le gouvernement et le patronat. Selon lui, l’organisation fait l’objet «d’attaques politiques» qu’il étaye en revenant sur la polémique sur la gestion des œuvres sociales de l’éducation. «Nous vivons le même scénario qu’au début des années 1990, lorsque la ligue islamiste a voulu accaparer l’argent des travailleurs. A l’époque, le défunt Abdelhak Benhamouda avait tout fait pour que le gouvernement préserve cet argent. 20 ans après, un parti islamiste s’immisce dans l’activité syndicale en faisant campagne contre l’UGTA, dans le but de prendre ces fonds et personne ne réagit. Il est même aidé par l’administration. Ceux qui disent que nous ne sommes pas représentatifs se trompent. Le scrutin a montré le contraire. Sur les 496 208 voix exprimées, 183 950, soit 38,13%, ont voté pour notre choix. Ce qui se passe dans le pays est très grave, surtout si on le place dans le contexte actuel, où les grandes puissances encouragent les islamistes dits modérés à prendre le pouvoir. Nous avons donné 657 martyrs pour que les valeurs républicaines soient préservées. Ceux qui pensent qu’ils peuvent agir à la place du peuple algérien doivent savoir que près de deux millions de travailleurs sont prêts à se sacrifier pour l’Algérie. Des portes ont été ouvertes pour que la mouvance islamiste revienne sur la scène. La sauvegarde de la République passe par la stabilité sociale.» Le patron de l’UGTA sous-entend clairement que la situation sociale est critique, même si dans la foulée, il annonce que le texte relatif à la revalorisation des retraites sera incessamment signé.
De ce fait, il encourage ses cadres à passer à l’action à chaque fois que leurs droits sont bafoués. «Si un wali ou un responsable refusent de vous écouter, fermez-leur la porte. C’est le seul langage qu’ils comprennent et qui suscite des réponses immédiates.» Un message que les syndicalistes ont bien saisi puisque certains, comme ceux de la zone industrielle de Rouiba, comptent entamer des mouvements de grève dès leur retour sur les lieux de travail. D’ailleurs, lors des débats, plusieurs secrétaires généraux de fédérations et d’unions de wilaya ont dénoncé la situation «précaire» des salariés et exigé des réactions de la part de l’organisation. Peut-on dire que Sidi Saïd a enlevé son costume de pompier pour mettre celui de pyromane ' On n’en sait rien. L’avenir nous le dira.
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Posté Le : 15/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : www.elwatan.com