L'occupation inédite de l'espace politique et médiatique donne des ailes à SaâdaniUne entité qui ressemble à un gouvernement parallèle sans qu'il n'en soit un.Le SG du FLN, Amar Saâdani, installe en grande pompe l'instance de coordination du parti, aujourd'hui à l'hôtel El Aurassi; une instance qui réunit tous les ténors, en tout cas les plus en vue, comme pour faire une démonstration de force devant ses interlocuteurs du RND qui n'ont pas encore compris qu'il a le vent en poupe.Est-ce un état-major du parti' Est-ce un centre de décision' Est-ce que c'est un CC-bis qui va pouvoir se réunir plus fréquemment' Autant de questions qui attendent des réponses.Mais cela ressemble à du déjà-vu, dira-t-on, lorsqu'on garde en mémoire les initiatives de son prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem, qui avait créé ce genre de commissions et bien d'autres, qui n'ont pas fait long feu. On dira que cela n'a rien à voir, parce que la «chose», comme dirait feu Bachir Boumaâza, est nouvelle. On y retrouve quasiment tous les ministres du FLN, au nombre de 14, ainsi que le président de l'APN, les chefs de groupes parlementaires des deux chambres, des vice-présidents, les présidents de commissions, le secrétaire général de la présidence de la République, etc. Il ne manque que le directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia, qui aurait accepté l'offre avec plaisir, n'était-ce l'intérim qu'il occupe à la tête de son propre parti. A bien lire les noms, on se dit que cela ressemble à un staff de gouvernement parallèle qui ne dit pas son nom. Son installation, accompagnée du discours de circonstance, renseignera sur sa mission.On peut pronostiquer, toutefois, sur la finalité de la démarche, puisque le SG du FLN commence à voir grand, depuis qu'il a pris le contrôle total du parti, en renvoyant ses contestataires se rhabiller, tant les événements lui ont donné raison, non sans oublier le coup de pouce du président, par le biais de la lettre destinée à la consommation interne du parti.L'occupation inédite de l'espace politique et médiatique donne des ailes à un Saâdani qui veut, plus que jamais, administrer la leçon de son partenaire le RND, venu au temps de Zeroual faire de l'ombre sur le vieux parti.Les discussions annoncées entre les responsables des deux partis avec d'autres de moindre contenance, au sujet de la forme à donner au «comité de soutien» au programme du président Bouteflika, sont dès à présent tranchées. Il n'y a qu'à écouter Saâdani pour en saisir le sens. Il va même jusqu'à proposer à Ouyahia la présidence, s'il veut, du «comité» qu'ils vont créer ensemble, sur l'idée du FLN s'entend. Il s'amuse, dirait-on, à irriter son partenaire dans cette valse à deux temps.Mais rien n'est encore acquis, car ceux qui connaissent le parcours de Ouyahia savent qu'il peut rebondir à tout moment, en temps de guerre comme en temps de paix, pour occuper le devant de la scène. Il peut rester sur la défensive jusqu'à ce qu'il trouve un meilleur tremplin pour mieux sauter.Le renouvellement partiel du Sénat offre une grille de lecture intéressante. Saâdani a utilisé toutes les menaces pour convaincre ses fidèles que le temps de la «chkara» est révolu, qualifiant même les corrompus de «harkis». Or, ce discours a été déjà galvaudé par son prédécesseur, sans pour autant mettre un terme au marché informel de la politique. Même en disposant de la majorité, en nombre d'élus dans les communes, le FLN risque d'être surpris le jour du vote. C'est pourquoi Saâdani prend ses devants en avertissant ses militants de rester honnêtes, au moins une fois dans la vie.
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Posté Le : 22/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkader HARICHANE
Source : www.lexpressiondz.com