Algérie

Quand Ouyahia fait dans le «parler vrai»



« L'argent maffieux gouverne le pays» ; «le gouvernement a échoué dans la lutte contre l'informel et l'importation» ; «l'Algérie fait dans le container».
Ce sont autant de constats qui n'ont pas été dressés par un journaliste acharné à noircir la situation du pays. Pas plus que par un chef de parti d'opposition mal intentionné. Ils sont du Premier ministre du pays himself, qui les a assénés au cours de la conférence de presse qu'il a animée vendredi à l'issue de la 6e session du conseil national du RND, dont il a présidé les travaux.
Ainsi donc Ouyahia reconnaît que l'argent maffieux gouverne le pays. Il a même daté la période à partir de laquelle l'Algérie est tombée sous le pouvoir de cet argent maffieux. A parti de 1990, selon lui, «quand le train a mal démarré lorsque l'Algérie a opté pour l'économie libérale basée sur l'importation et oubliant la production». Il y a une part de vérité dans son explication du phénomène, dont il s'est gardé pourtant de dire qu'il a pris une dimension irréversible après que les dirigeants en exercice à cette époque eurent été remplacés par des équipes dont il a fait partie, à quelques brèves exceptions près.
Ouyahia se dédouane de toute responsabilité personnelle dans ce qui a conduit l'Algérie à passer sous la coupe de l'argent maffieux en mettant en avant celle, collective, de ces équipes. Ce qui n'est pas totalement faux aussi. Mais lui a été chef du gouvernement, il est Premier ministre. Il a par conséquent une responsabilité particulière dans la situation qu'il a brossée et dont il a dit qu'elle «lui fait mal». Il a tout juste affirmé qu'il «assume» mais pas qu'il en tire la conséquence à titre personnel qui, pour le patriote qu'il prétend être, n'acceptant pas d'être «un homme de compromis ou un homme d'image», devrait s'imposer, à savoir refuser la responsabilité étatique dans un pays gouverné par l'argent maffieux.
Ouyahia est toujours en poste, il rempilera sans état d'âme si on le lui demande. Ce qui est très possible car l'homme a démontré qu'il s'accommode parfaitement des puissances qui ont bâti leur force sur l'argent sale, «même si occasionnellement il tire sur elle à boulets blancs».
C'est un tort de croire que la sortie d'Ouyahia contre l'argent maffieux qui gouverne le pays et l'économie du container va lui coûter l'avortement de son «destin national». Pour qu'il en soit ainsi, il aurait fallu qu'il dévoile franchement qui sont ces maffieux qui imposent leur loi au pays et dont il a dit un jour qu'ils sont connus. Ce ne sont pas ces puissances d'argent qu'Ouyahia dérange. Il est au contraire leur joker dans la lutte de succession qui bat son plein. Pour abattre, le moment arrivé de façon décisive, ce joker, il faut que les sponsors d'Ouyahia puissent le créditer d'avoir osé «dévoiler et dénoncer» que l'Algérie est gouvernée par l'argent maffieux. Il n'y a rien de dangereux pour eux dans ce qu'il a «révélé» dans sa conférence de presse. Il a tout juste fait une opération de «com.» aux fins de se construire une stature d'homme d'Etat n'hésitant pas à «appeler un chat un chat».
Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes : Ouyahia est le produit le plus achevé de ce système politique qui a conduit l'Algérie dans les abîmes à tous points de vue. Il ne peut survivre et sévir que si le système demeure en place. Et ce système, on le sait sans avoir attendu que le Premier ministre nous le «révèle», est bâti et irrigué par l'argent maffieux.




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