Le gouvernement a répondu aux revendications des policiers exactement comme attendu : O. K. pour la revalorisation des salaires, l'amélioration des conditions de travail et autres doléances socioprofessionnelles, mais niet pour les demandes politiquement significatives, c'est-à-dire dangereuses pour les équilibres de pouvoir, donc pour l'avenir immédiat du régime en place.Exactement comme attendu, en effet, car on connaissait, depuis notamment janvier 2011, la facilité déconcertante avec laquelle le gouvernement se résout, sans autre forme de procès, à délier les cordons de la bourse pour parer au plus pressé et se tirer de situations qui peuvent, à ses yeux, bousculer le statu quo politique.Exactement comme prévu, aussi, car on savait aussi l'importance et la place prépondérante, voire capitale, de l'appareil répressif qu'est la police dans la stratégie de maintien de ce même statu quo politique. À dire vrai, le régime ne dispose plus, au fond, que de la police pour s'assurer de la pérennité de son règne. Il l'a amplement démontré par sa "gestion" de la crise de Ghardaïa, mais aussi, bien avant cette crise, par le traitement qu'il a systématiquement réservé et qu'il continue d'appliquer à toutes les contestations.Autant le pouvoir est toujours disposé à faire des concessions pécuniaires parfois spectaculaires, sans tenir compte du cours fléchissant du baril ou des alertes et mises en garde des experts, autant il est grincheux et définitivement réfractaire quand il s'agit d'accéder à toute revendication politique structurante. Il était donc normal qu'il répondît favorablement aux exigences matérielles des policiers, d'autant plus que celles-ci étaient légitimes et fondées du fait même de la mobilisation permanente de ce corps de plus en plus appelé à user de la matraque dans la rue. Quand on n'a que la police, il faut savoir... police garder. En casquant cash.Mais, c'est encore comme prévu qu'une fin de non-recevoir a été opposée à la mise en place d'un syndicat autonome au sein de la police. L'avènement d'un tel syndicat aurait l'inconvénient, inacceptable pour le régime, de faire évoluer inéluctablement le corps de la Sûreté nationale du statut d'appareil de répression dont on use face aux mouvements politiques et sociaux, à celui d'instrument de maintien de l'ordre et de lutte contre la criminalité.Mais attention au retour de manivelle : celui qui vous permet de prendre le pouvoir ou d'y rester va immanquablement songer un jour à le prendre. L'image qu'offrait mercredi le Palais d'El-Mouradia, alors qu'il était pris d'assaut par cette mémorable et inédite vague bleue, est en tout cas parlante.
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Posté Le : 20/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd Chekri
Source : www.liberte-algerie.com