Algérie

Quand on donne la parole aux terroristes



Quand on donne la parole aux terroristes
Tombouctou, fin 2012. La police islamique, le klach en bandoulière, sillonne le centre-ville et inspecte le marché public. Contrôle de routine. Le chef salafiste explique la démarche de son groupe qui veut imposer la charia par le sabre. Tout au long du film réalisé par François Margolin et Lemine Ould Salem, les chefs des principaux groupes terroristes qui sévissent dans le Sahel, comme le Mujao, l'Aqmi, Ansar Eddine, Boko Haram, défilent à l'écran pour justifier leur démarche basée sur la violence et la contrainte. Des tribunaux islamiques, le plus souvent expéditifs, sont installés dans le désert malien. Des scènes atroces de lapidation et d'autres où l'on coupe les mains de voleurs meublent le long métrage. Le témoignage d'une des victimes renseigne sur la terreur installée par les salafistes dans l'Afrique subsaharienne. "Je suis ici à cause d'un pack de Bavaria (bière), on m'a condamné à 40 coups de fouet", dit-il. Dans une sorte de neutralité subjective, le documentaire Salafistes, une production franco-mauritanienne, montre la vie sous le règne salafiste. L'essentiel de la littérature islamiste dans toute sa violence et sa régression est vulgarisé dans ce film du réalisateur Margolin. Même les mots d'ordre du FIS dissous, comme "démocratie kofr" y passent. Le film reprend également des extraits vidéo du groupe terroriste Etat islamique, montrant notamment la prise de la ville de Mossoul en Irak, en 2014, ou des scènes d'accrochage et d'assassinats d'une violence inouïe. Des scènes qui sont accompagnées d'interventions de salafistes qui tentent d'expliquer l'inexplicable. Ainsi, Sanda Ould Bouama, un des chefs d'Ansar Eddine, se permet même de justifier l'attaque du journal Charlie Hebdo ou l'attentat du 11 septembre 2001, avant de glorifier l'acte de Mohamed Merah. Les réalisateurs ont également trimbalé leur caméra jusqu'à Sousse en Tunisie montrée sous un jour salafiste. Lors du débat qui a suivi la projection, samedi à Montréal, le réalisateur a été poussé dans ses derniers retranchements.Un débat chaud où les auteurs du film-documentaire, dont la qualité technique est discutable, ont été accusés de faire dans le sensationnel en traitant d'un sujet pour le moins vendeur, mais qui met en valeur des groupes djihadistes partisans de la violence terroriste.Y. A.




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