Algérie

« Quand on a été rabatteur de filles de joie pour de hauts responsables, on ne sera jamais affaibli. »



« Quand on a été rabatteur de filles de joie pour de hauts responsables, on ne sera jamais affaibli. »
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Raouraoua, Melzi, Maârif, Meguedem, Khalifa et les autres
Le grand déballage de Hichem Aboud
El Watan le 24.04.13
Mohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne de football (FAF) et ex-commissaire de la manifestation Année de l'Algérie en France, n'a pas réagi aux révélations publiées ces dernières semaines par Mon Journal sur son implication dans des affaires de corruption et de malversations.
«Il a été sollicité par les chaînes Nesma TV et France 24, il a refusé de s'exprimer. Moi je l'ai fait. La raison en est simple : ce monsieur sait que tout ce que j'ai écrit dans Mon Journal est vrai. Il ne peut pas apporter de démenti ni m'ester en justice. Et vous savez très bien que ce monsieur, pour un oui, pour un non, va à la justice», a déclaré Hichem Aboud, directeur du quotidien national Mon Journal, lors des Rencontres d'El Watan. Selon lui, le dossier sur Raouraoua a été publié après l'assemblée générale de la FAF à l'hôtel Meridien d'Oran, le 20 février dernier. «Le bilan financer et moral passe comme une lettre à la poste. Le monsieur tient un discours où il ferme la porte à tout le monde et où il se présente comme le plus beau, le plus fort. Je suis un ancien journaliste sportif et je connais bien le milieu.
Quotidiennement, je reçois d'anciens joueurs et entraîneurs. Ils me parlent, me donnent des infos. Je ne calcule pas en disant que Raouraoua connaît X ou Y. J'ai mené l'enquête, je lui ai envoyé une lettre, lui disant que je détiens des informations sur sa gestion et sur des malversations 'dont il serait' responsable. Je voulais avoir sa version. Il n'a pas répondu. Il a même dit avec arrogance à une personne qu'on se reparlera chez le procureur», a expliqué Hichem Aboud. Le président de la FAF a été, selon lui, destinataire d'une seconde lettre après la publication des articles, lui demandant de répondre. «Nous étions prêts à organiser, dans les locaux du journal, un forum où il pouvait répondre aux questions de la presse. Il n'a pas donné suite.
On ne peut pas faire plus. D'autres informations arrivent concernant cet homme. Je ne vais pas faire de la rétention d'information. Je continue de publier. Les gens sont encouragés et nous font d'autres révélations. J'ai déjà quatre dossiers. Je n'ai pas honte de ce que j'ai écrit, mais Raouraoua a honte ; la preuve, il n'a même pas assisté au match Algérie-Bénin. Il ne se montre pas. Ce qui j'ai écrit est vrai, crédible et juste», a insisté le directeur de Mon Journal, saluant l'augmentation du tirage de ce quotidien. «Avec tout ce qu'il a comme argent, Raouraoua n'est pas du menu fretin. Lorsque tu lui tapes dessus, il se tait puis dit plus loin : 'je sais d'où ça vient' ! Mais, les articles sont signés Hichem Aboud, ce n'est pas anonyme», a-t-il souligné.
«Khalifa a profité de l'opacité du système»
Le quotidien va bientôt publier des révélations sur Média Algérie, une agence de communication. «Cette agence se sucre à travers toutes les opérations de sponsoring. J'ai déjà deux noms et je cherche qui est derrière. Média Algérie sert d'intermédiaire entre le sponsor et l'équipe nationale de football. On peut prendre un pourcentage lorsqu'on fournit un effort pour chercher de la publicité. Ces gens ne bougent même pas ! Nedjma a ses locaux dans la tour de Raouraoua, à côté de l'aéroport d'Alger. Nedjma a-t-il besoin de passer par Média Algérie pour faire la publicité de l'équipe nationale ' Est-ce que l'adresse de l'équipe nationale est si méconnue pour qu'on aille chercher un intermédiaire ' Je vais bientôt voir Nedjma pour avoir leur version», a-t-il souligné, précisant que les journalistes ne sont ni des Zorro ni des justiciers. Il n'est pas étonné de l'absence de réaction des pouvoirs publics après ce déballage : «Parce que nous avons un système politique érigé sur la corruption. On sort un gros dossier sur Amar Ghoul, aucune réaction.
Au même moment, le ministre de la Justice dit au procureur qu'il ne veut pas de la sardine mais du gros poisson. Le gros poisson siège à côté de ce ministre chaque semaine, au gouvernement ! On met aux arrêts des responsables du ministère de l'Energie et de Sonatrach pour affaires de corruption et Chakib Khelil se balade comme il veut. Je ne peux pas dire qu'il est protégé par le président de la République ou par un autre responsable. Pour être crédible, il faut qu'on surveille nos mots. J'aimerais bien avoir le président de mon côté, en m'attaquant à ces gens-là, en le prenant comme témoin, surtout qu'il a dit qu'il faut mener une lutte sans merci contre la corruption... C'est un système. Va chercher qui protège qui. Raouraoua a ses sponsors et il a eu des mentors. Quand on touche aux pions, les sponsors se retirent, les laissent seuls pour qu'ils ne brûlent pas.»
Abdelmoumen Khalifa, patron du défunt groupe El Khalifa, en détention à Londres, a profité de l'opacité du système, selon Hichem Aboud : «Chacun tient l'autre. C'est un système. Pour Khalifa, mieux vaut qu'ils disent qu'ils ont travaillé avec lui au lieu de dire qu'ils ont été roulés par lui. J'ai des choses à raconter sur Khalifa, j'ai eu la chance d'avoir connu ses plus proches collaborateurs.» D'après lui, Abdelmoumen Khalifa n'avait pas d'hommes derrière lui : «Il n'utilisait pas les hommes du pouvoir mais leurs proches, leurs enfants. Il a par exemple utilisé la fille de Abdenour Keramane. Son cerveau était un directeur central au ministère de l'Enseignement supérieur. Il est en fuite. J'ai dit à Larbi Belkheir que sa fille faisait des affaires avec Khalifa. Il m'a répondu 'pourquoi pas ! Tout le monde fait des affaires avec Khalifa.' Le frère du président Bouteflika était l'avocat du groupe El Khalifa sans exercer. Il n'avait pas un seul dossier. Khalifa voulait que le frère du Président soit à ses côtés dans les soirées et dîners. Que peuvent dire les gens alors '»
«Meguedem ne sera jamais affaibli»
«Mohamed Meguedem a tiré les marrons du feu dans l'affaire Khalifa. Il roule pour lui-même. C'est un homme nocif. Meguedem ne sera jamais affaibli tant que l'homme sert les couches de ces messieurs ! Quand on a été rabatteur de filles de joie pour de hauts responsables, on ne sera jamais affaibli. Aujourd'hui, il ne le fait plus, mais il est dans les magouilles. Meguedem est conseiller à la présidence de la République sans poste. Il a la voiture avec gyrophare, le téléphone, le passeport... Il a été ramené par Larbi Belkheir pour limiter sa nocivité», a relevé Hichem Aboud, qui promet de sortir «la grosse artillerie» bientôt. Il prépare un dossier sur les affaires liées à Hamid Melzi, directeur de la résidence d'Etat EGT Sahel (Club des Pins, Moretti et Société d'investissement hôtelière, SIH). «Melzi fait courir la rumeur que Hichem Aboud a reçu des instructions pour ne pas écrire sur lui.
Celui qui me donne des instructions d'écrire ou de ne pas écrire n'est pas encore né ! Melzi, Rachid Mâarif (ex-directeur du protocole du président Bouteflika), Meguedem, tous ces gens-là vont y passer. On me ramène des dossiers ficelés. Je ne vais pas les refuser. Melzi a un réseau relationnel. Il est tout à fait normal qu'il trouve les appuis qu'il faut là où il faut. Il a ses relations avec la presse, l'armée, les politiques. Ses relations peuvent toujours intervenir en sa faveur pour qu'il puisse rester là où il est. Je vais publier des documents sur Melzi comme je l'ai fait pour Khalifa», a soutenu le directeur de Mon Journal.
Aboud a également évoqué l'existence de la corruption au sein de la police, de la gendarmerie et de la justice : «L'information fait mal. Eh bien, tant pis pour eux. Ceux qui me reprochent de parler de certains, je les invite à parler des autres. Ils veulent toujours noyer le poisson, il ne faut pas qu'on parle pour eux !»
il a dit aussi :
- «L'Algérie est partagée, chaque région a son nabab. Becthine était le patron de Constantine.»
- «Ni moi, ni mon épouse, ni mes enfants n'avons demandé la nationalité française.»
- «Je ne suis pas un chien du pouvoir pour m'attaquer aux partis d'opposition.»
- «Certains s'attendaient à ce qu'on ferme Mon Journal au bout d'un ou deux mois.»
- «Certains ont peur de m'approcher ou de parler avec moi. D'autres s'interrogent pourquoi je n'ai pas été tué après la publication de la Mafia des généraux.»
- «Tant qu'il y a le matelas de l'argent du pétrole, il n'y aura pas d'explosion sociale.»
- «Mais qu'attend Mouloud Hamrouche pour parler ' Il attend que les gens de la casquette l'appellent pour sortir de son silence.»
- «Ahmed Benbitour se présente à l'élection présidentielle sans parti politique. Mais qui va faire sa campagne '»
- «Face au vide, la presse a joué le rôle de l'opposition, elle s'est substituée aux partis.»
- «Je ne suis pas un opposant, mais un journaliste. Lorsque j'écris, ça plaît à certains et ça déplaît à d'autres.»
- «Ce système a réduit l'Algérie, ce géant, à la taille d'un nain.»
- «Il n'y a qu'en Algérie où l'on s'insulte entre journalistes et entre journaux.»
- «Je ne permets pas la censure. Certains journaux sont sélectifs.»
Fayçal Métaoui
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