Algérie

Quand Mohamed Zinet sauve le cinéma algérien à Berlin


En lisant la presse aujourd'hui, on découvre avec un sourire large, la présence d'un film algérien au festival de Berlin.Bien sûr on s'est étonné de savoir quel était ce film qui a réussi à passer la rigoureuse commission de sélection de ce festival coté en catégorie A. Après avoir consulté le programme et les articles on s'est rendu compte que c'est un vieux film algérien, orphelin de père et de mère, puisque le talentueux réalisateur Mohamed Zinet est décédé et le producteur, le Cpva, (Le Conseil populaire de la ville d'Alger), qui l'avait commandé, n'existe plus dans l'organigramme de la wilaya d'Alger. 47 ans après son tournage, le film-culte de Mohamed Zinet est sélectionné dans un grand festival en vision dans sa section forum. Le film, presque sorti d'une Coldcase, a été pourtant découvert en 2015. Les négatifs, son et images du film, ont été retrouvés dans l'un des dépôts de la Cinémathèque algérienne. C'est la découverte de boîtes rouillées des bobines où était écrite la mention presque lisible: Tahia ya Didou, qui a changé le cours de son histoire. C'est de cette découverte miraculeuse qu'est né un projet de restauration par le laboratoire italien Laser Film. Le film n'avait jamais bénéficié d'un circuit commercial de distribution.
Cette production née d'une union illégitime, est intervenue entre la fermeture de Casbah Film et la naissance de l'Oncic. Zinet qui avait été assistant dans le film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d'Alger tout comme Moussa Haddad, n'avait pas trouvé de repreneur pour ce projet important à ses yeux, celui de parler d'Alger. Après avoir échoué à le présenter au festival de Cannes en 2017, le directeur de la cinémathèque, qui essaye de récolter les fruits des autres a réussi à caser le film à Berlin. Et pourtant cette opération exceptionnelle de restauration-numérisation a été présentée par la cinémathèque, a été supervisée et domiciliée au Cnca (Centre national du cinéma algérien) et c'est l'Onda (Office national des droits d'auteur) qui a financé les frais de restauration par le laboratoire italien en tant qu'opérateur financier.
Par cette contribution, l'Onda a une nouvelle fois soutenu le cinéma algérien. Mais malgré cette satisfaction d'avoir sauvé un film, les véritables auteurs de cette oeuvre magnifique ne seront pas présents à Berlin: Mohamed Zinet, qui a réalisé ce bijou, Himoud Brahimi, plus connu sous le nom de Momo, comédien, poète et agitateur culturel et qui fut le personnage central du film et encore moins le petit rouquin qui joua sa doublure et qui n'est autre que le fils du réalisateur. Faute de sauver ses auteurs, le film immortel a sauvé le cinéma algérien, au point où même les Egyptiens de Mad Solution l'ont comptabilisé comme l'un des films arabes sélectionnés à Berlin.
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