Algérie

Quand les écoles deviennent des dortoirs



Quand les écoles deviennent des dortoirs
20 familles occupent des logements et des salles de classe dans les écoles de la commune d'El MouradiaToutes les wilayas du pays connaissent cette situation en raison de différentes catastrophes qu'a connues le pays et autres circonstanceDans plusieurs communes de la wilaya d'Alger, des écoles ont été transformées en logements, créant un véritable casse-tête pour les présidents d'APC, d'autant que des îlots d'habitation sont nés dans certains de ces établissements scolaires. En réalité, le phénomène n'est pas spécifique à la wilaya d'Alger. Toutes les wilayas du pays connaissent la même situation en raison de différentes catastrophes et autre circonstances qui, à un moment donné, nécessitaient un relogement d'urgence. Mais en Algérie le provisoire dure.Les présidents d'APC d'El Mouradia et El Madania s'arrachent les cheveux: «Il est difficile de maintenir en bon état les établissements scolaires avec la présence, depuis des années, de familles d'anciens directeurs et enseignants dans les logements de fonction et les classes.» Ils ont expliqué cette situation à la commission de l'éducation de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), qui a mené une enquête sur la situation du secteur dans la wilaya d'Alger, que la trop longue présence de ces familles dans ces logements «prive les directeurs d'école des logements de fonction et constitue une charge supplémentaire pour l'établissement qui leur assure gratuitement, l'eau, l'électricité et le gaz». Ils ont demandé aux responsables de la wilaya d'Alger de trouver une «solution définitive» à ce problème. Ainsi, 20 familles occupent des logements et des salles de classe dans les écoles de la commune d'El Mouradia, qui compte huit écoles primaires, trois CEM et un lycée. Ces familles logent actuellement dans les écoles Djillali Djidar, El Ghazali et Hamaïzi El Amri, selon les déclarations du président de l'APC d'El Mouradia, Mourad Sameur, aux membres de la commission de l'APW d'Alger. Une ancienne directrice d'école occupe le logement de fonction de l'école de Hamaïzi El Amri, auquel a été ajouté la cantine scolaire.A l'école Djilali Djidar, onze familles occupent pratiquement tout le premier étage de l'établissement. La directrice de cette école a demandé à ce que des compteurs individuels soient placés pour que les différentes charges (eau, électricité, gaz) n'incombent pas à l'école. Mais, c'est à l'école cheikh Bouamama (ex-Descartes), que le problème est le plus important.Toute la famille en classeSelon le président de la commune d'El Mouradia, 43 familles occupent depuis plusieurs années les logements de fonction et les salles de classes de cet établissement scolaire, réputé parmi les meilleurs du pays par la qualité de l'enseignement qui y est prodigué. «C'est tout un quartier», qui a émergé dans cet établissement, affirme M. Sabeur. «Depuis une semaine, nous alimentons le lycée Bouamama en eau potable par citerne. Le service des eaux lui ont coupé l'alimentation pour factures impayées d'un montant de 1,43 million de DA, représentant un passif de deux ans»,a indiqué M. Sameur. L'établissement qui dispose d'un lycée, d'un CEM et d'une école primaire, n'arrive plus à couvrir ses dépenses pour l'AEP à cause de la charge que lui impose ce «quartier», a-t-il ajouté. Le problème de logements de fonction et de classes occupées par des directeurs à la retraite ou leurs enfants, se pose également dans la commune voisine d'El Madania. «J'ai 12e écoles primaires à El Madania, dont 11e connaissent ce problème de la présence des familles d'anciens directeurs ou d'enseignants», a expliqué, à l'APS, la présidente de l'APC, Habiba Bensalem. Mme Bensalem a précisé qu'un recensement est en cours pour connaître le nombre exact de ces familles. Trois classes ont été transformées en logements à l'école El Djahidh 1 et deux familles occupent également le logement de fonction de l'école Ali Medjbara. Même problème également dans certains établissements de la commune d'Alger-Centre. A l'ouest d'Alger, dans la commune de Hammamet (ex-Bains-Romains), même spectacle désolant de classes transformées en logements.L'APW d'Alger dans l'embarrasA l'école du 1er-Novembre 1954, une dizaine de classes ont été transformées en habitations, provoquant de fait la surcharge dans les autres classes de l'école, selon le directeur de cet établissement. «Plusieurs classes sont occupées par d'anciens enseignants et leurs familles depuis des années. La cantine sert de logement à un ancien directeur (d'école). D'autres ont construit des baraques dans l'enceinte de l'établissement», a-t-il ajouté. «Je suis nouveau ici. Lors de mon installation, il y a une année, j'ai trouvé la situation en l'état. J'ai adressé des correspondances à toutes les parties concernées, à l'APC, la wilaya déléguée de Chéraga, la wilaya et la direction de l'éducation d'Alger -Ouest. Sans résultat», a-t-il affirmé aux membres de la commission de l'APW. Selon un élu à l'APC de Hammamet interrogé par l'APS, la situation de cet établissement scolaire a fait l'objet d'un dossier qui a été transmis à la justice. «On ne peut rien faire sans une décision de justice», a-t-il dit. Dans la même commune, la délégation de l'APW a enregistré l'absence de cantine à l'école de la forêt de Baïnem. Motif: celle-ci a été tout simplement «reconfigurée» en logement au profit de la directrice.' «L'Académie (d'Alger) m'a logée dans la cantine depuis dix ans, parce que le logement de fonction de l'établissement est occupé par une personne qui ne veut pas remettre les clés et quitter les lieux. J'ai informé toutes les autorités, personne n'a réagi», explique la directrice quant aux raisons qui l'ont amenée à se loger dans la cantine. Même scénario au CEM Mohamed-Racim de Hammamet où deux familles squattent la cantine de l'établissement, la rendant inutilisable. Dans la commune de Aïn Bénian, les élus de l'APW d'Alger ont également appris que des familles continuent d'occuper des logements au lycée Ourida Meddad, évacué de ses élèves depuis cinq ans à cause des risques d'effondrement. La décision finale sur le devenir de cet établissement délabré n'est toujours pas prise, l'APC de Aïn Bénian privilégiant sa restauration, alors que le wali délégué de Chéraga veut le reconstruire. Mais, dans les deux cas, «l'évacuation des familles est nécessaire avant d'engager des travaux», indique t-on. «Il n'y a aucune coordination entre les différents intervenants (ministère, APC, wilaya, daïra, etc.) dans la gestion des écoles. Personne ne veut assumer ses responsabilités», a indiqué le chef de la délégation de l'APW d'Alger. Annonçant qu'une enquête est en cours, le directeur de l'éducation par intérim de la circonscription d'Alger-Centre, Beldjilali Khodja, a averti que «les directeurs et les enseignants, qui avaient bénéficié du relogement mais qui ont laissé leurs enfants dans les logements de fonction doivent sortir».




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