Algérie

Quand les diasporas servent les économies de leur pays



Il est évident qu'aujourd'hui beaucoup de gouvernements dans le monde cherchent à canaliser et à capter l'abondante épargne de leurs émigrés pour favoriser leur propre développement local. Rappelons à ce titre que, d'après les statistiques publiées l'année dernière par la Banque mondiale, un montant global de 590 milliards de dollars a été transféré par toute la diaspora planétaire, dont plus de 450 milliards vers les pays en développement. Israël et l'Inde sont, en effet, un modèle en ce domaine. En presque 70 ans, les Israéliens ont levé à travers les obligations de la diaspora un total de 32 milliards de dollars et les Indiens, pas moins de 11 milliards. Sans doute, les souscripteurs à cette grande collecte financière ne sont pas uniquement motivés par le souci de la contribution au développement économique de leurs pays respectifs, mais portent aussi en eux une forte fibre patriotique.Quand, par exemple, les autorités indiennes souffraient des sanctions économiques internationales durant les années 1990 en raison de leurs essais nucléaires répétitifs, ce fut leur diaspora qui était à leur rescousse. Plus proche de nous, le Nigéria est le premier bénéficiaire de l'apport économique de sa diaspora en Afrique et le sixième au niveau mondial avec près de 21 milliards de recettes annuelles (une importante masse monétaire qui avoisine la moitié de celle de toute la diaspora africaine, estimée à près de 55 milliards de dollars). Mais contrairement à l'Inde et Israël, ces fonds-là ne sont, paraît-il, qu'un mécanisme de survie individuelle, orienté essentiellement vers la consommation et l'habitat. Autrement dit, ce phénomène s'inscrit plutôt dans des projets personnels et familiaux mal coordonnés avec les objectifs étatiques que dans une dynamique nationale mûrie et réfléchie, de nature à financer les infrastructures nécessaires au développement économique du pays.
N'empêche, le Nigéria a tenté une ou deux expériences réussies auprès de ses diasporas britannique et américaine par le biais du «diaspora bond» (l'obligation de diaspora). En juin 2017 par exemple, il a levé près de 300 millions de dollars après avoir sollicité et obtenu les approbations des autorités de régulation des marchés financiers et bénéficié du concours de ses banques très professionnelles à Londres et à New-York. Un autre important détail : cette opération ne concerne pas les seuls membres de la diaspora mais est ouverte à tout autre investisseur institutionnel. Ce qui augmente les chances de sa réussite. En cette année 2018, l'Algérie est appelée à son tour, surtout en cette période critique d'austérité, à valoriser l'apport financier de sa diaspora afin de donner un coup de pouce à la machine de croissance et agir sur l'attractivité économique. Choses qui ne peuvent, toutefois, aboutir sans la professionnalisation de son système bancaire et la mise en ?uvre de méthodes d'approche aussi valorisantes qu'efficaces auprès de notre diaspora à l'étranger.


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