Algérie

Quand le virtuel supplante le trottoir



Quand le virtuel supplante le trottoir
La vente d'appareils électroniques et de téléphones mobiles envahit les « groupes » sur facebook, qui poussent comme des champignons. Des internautes qui adhèrent par milliers, pour les groupes les plus populaires, et c'est en millions que se fait le décompte. Cet espace virtuel permet, selon de nombreux annonceurs, de toucher un plus grand public, de marchander aisément, sans tabou et surtout de vendre plus rapidement son produit. Un jeune commerçant de téléphonie mobile, dont l'annonce a été déposée sur le groupe « D'lala algérienne », affirme qu'un lot de smartphones s'écoule en un rien de temps, parfois en une journée, à des prix similaires à ceux du marché formel. « C'est pas seulement rapide car on arrive à atteindre un plus grand nombre de clients à la fois, c'est également un espace d'enchères, où l'offre dépasse la demande », dévoile Mizou Bali. Toutefois, le contact direct reste le seul moyen de faire parvenir le produit à son acheteur.« Ouedkniss », un groupe facebook du site du même nom, cumule un million et demi d'adhérents. Les annonces sont souvent suivies de liens vers les annonces du site lui-même. La vente se fera alors par téléphone ou par mail, pour fixer le lieu de rendez-vous. Les commentaires sur les publications du groupe se limitent à 10 ou 15, tandis que les « j'aime » atteignent environ une centaine pour chaque publication. Pour les « groupes » n'ayant pas de vitrine sur Internet, les commentaires se comptent par centaines en quelques secondes. « Annonce Algérie : Dz Street.com », « Vente et échange Algérie », « Le petit bazar », « Vente et achat : best price », « Vente et achat facilement », « Souk El Fellah », « Dlala.dz », nombreux sont les groupes qui proposent une plateforme de vente par publication. Environ 20.000 à 50.000 membres mettent en ligne quotidiennement des « postes » pour vendre un produit ou un service, allant du prêt-à-porter à l'électronique, en passant par l'ameublement et les matériaux de construction. Il existe même des groupes à thème précis, comme pour les jeux vidéos, sur « PS4 Gamers Dz », « Xbox vente et achat Algérie » ou encore « Jeux vidéos Dz : vente et achat ». D'autres s'adressent à un public adulte, notamment « Pièces automobile Algérie », « Vente et achat entre femmes », où l'internaute masculin n'est pas admis.Dernièrement, après les mesures prises contre les cambistes du square Port-Saïd d'Alger, de nombreux groupes de change ont fait leur apparition sur le réseau social. « Sekouar Changes », « Change devise Internet » ou encore « Forex Tizi Ouzou : Change devises » proposent un contact réel pour échanger de la devise ou se renseigner sur les taux pratiqués. Mais facebook leur permet, avant toute chose, de pratiquer leur commerce loin du regard des autorités.Une certaine organisation interne de ces « groupes » est imposée par les administrateurs et les modérateurs. « Afin de respecter le thème du groupe qui est vente/achat, veuillez ne pas publier des postes hors thème sinon elles seront supprimées », est écrit à la une dans un groupe de vente et d'achat sur le réseau social. Une note suit la recommandation : « Afin de respecter les annonces des membres, et de laisser la chance à tout le monde de publier et d'être vu, nous vous prions de ne pas spammer le mur du groupe avec la même annonce chaque heure, sinon nous serons dans l'obligation de supprimer les publications trop répétitives. »Les administrateurs de « groupes » dégagent toute responsabilitéDans le groupe « Je veux vendre/acheter », fier de ses 40.000 membres, une publication est épinglée à la une, où modérateurs et administrateurs dégagent toute responsabilité.« Le groupe a pour but de proposer un espace de rencontres entre personnes souhaitant vendre tous types de produits et biens, de particulier à particulier, ou de professionnel à particulier. Les administrateurs ne sont en aucun cas responsables des arnaques, de la vente d'objets volés, de la fausse publicité ou tout autre conflit entre membres. Veuillez respecter l'avis de chacun et aucune insulte ou manque de respect ne seront tolérés », a posté Abou Mohamed Younès El Djazaïri, l'administrateur du groupe.Pour « Dlala de Bab el Oued », qui cumule près de 75.000 membres, les annonces sont gérées par deux amis, Younès et Kamel, qui s'affirment dans le commerce virtuel des réseaux sociaux. « Imaginer 75.000 personnes qui débarquent dans votre boutique. Qui achète votre produit, sachant qu'il ne s'agit parfois que d'un lot réduit ' Le groupe nous permet de limiter notre clientèle en éliminant les curieux et de vendre plus rapidement et efficacement notre produit », indique l'administrateur.Fuir les impôtsSi la vente informelle a quitté les trottoirs de la capitale, c'est parce que l'espace virtuel a pris le relais. Parfois, le stock de marchandises est épuisé la journée même. Que prévoit la loi dans ce domaine ' N'ayant pas de statut commercial, ni de registre du commerce, de nombreux internautes arrondissent leurs fins de mois en vendant sur le web. Toutefois, cette pratique a entraîné la colère de certains commerçants, qui, eux, payent les impôts. Ils se plaignent du fait que les particuliers peuvent vendre des produits sans avoir à subir les contraintes des professionnels (TVA, déclarations et paiement d'impôts). Il n'est d'ailleurs pas légal d'établir une facture, même occasionnelle, sans statut légal, car un numéro d'identification fiscale est attribué par la direction des Impôts à toute entreprise lors de sa création. Toutefois, il paraît évident de ne pouvoir exiger du vendeur très occasionnel, qui tire un très faible bénéfice de ses ventes, d'avoir un registre du commerce.Ce paradoxe laisse le champ libre pour établir à partir de quel revenu supplémentaire doit-on s'identifier auprès des impôts ' Il n'existe à ce jour aucun seuil, puisque chaque administration fixe son propre seuil de tolérance, qui dépendra de chaque cas d'espèce.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)