Algérie

Quand le talent sert la passion



«Ecrire c'est gagner une page de vie, c'est reprendre un empan de souffle à l'angoisse, c'est retrouver, au-dessus du trouble et du désarroi, un pointillé d'espoir. L'écriture est le nomadisme de mon esprit, dans le désert de ses manques, sur les pistes sans autre issue de la nostalgie, sur les traces de l'enfance que je n'ai jamais eue ». Une des citations de Malika Mokeddem.Médecin de formation, Malika Mokeddem a bifurqué avec succès vers une carrière de romancière. Elle arrêta la pratique de la médecine en 1985 pour consacrer tout son temps à l'écriture. Avec son arme - la plume -, elle s'est toujours battue pour la dignité des femmes. Dans son dernier roman «La désirante», paru aux éditions Casbah, Malika évoque le parcours d'une femme libre, forte et sensible qui a su s'affranchir des barrières culturelles et sociales malgré son dur passé. L'héroïne, née en Algérie, a été abandonnée quelques heures après sa naissance et recueillie par des s?urs blanches dont l'une, Blanche, est son ange gardien ; un ange qui lui transmet des valeurs humanistes qui vont faire d'elle une femme libre... La lecture devint une habitude indispensable dans l'éducation de l'héroïne. Shamsa, journaliste, s'offusque des angoisses d'un pays gagné par une folie meurtrière, des violences faites aux femmes. Elle essaie de lutter «contre la terreur de l'Algérie défigurée par la masse des foulards, des ?illères», déplore les visages de là-bas, «ces visages de femmes meurtries par des disparitions (...) Des visages sans corps. Tous confondus en une masse de calamités et d'obsessions». Le premier chapitre a pour décor la bouleversante disparition en mer de Léo. Le compagnon de Shamsa qui décide de partir à sa recherche, à bord de Vent de sable, sous le regard ému des parents du disparu. Régis, le père, appelle Shamsa «la fille du soleil» quand il ne lui sert pas de «la fille du désert» ; la mère, souffrant du mal de mer «reste seule à les attendre avec son mal de mère». Bref, ce serait la panique à terre comme à bord, n'était l'expérience de l'héroïne, passionnée de navigation sur laquelle la richesse de son vocabulaire ferait rougir de jalousie un marin chevronné. En fin de chapitre se dessine le portrait du héros, Léo, surnommé Lou. Ce héros, c'est le genre d'homme qu'on croise rarement, même dans nos rêves les plus fous. «Léo est l'incarnation de la joie de vivre. Il n'a aucun problème financier. Il dirige le CNRS, il est le fils unique d'une famille fortunée». Un gars simple, d'une extrême délicatesse, et finalement peu exigeant envers la gent féminine dont il n'attend aucune de ces basses tâches ménagères ou autres triviales gâteries. Ce qu'il veut lui, c'est une femme qui aime naviguer (sur un voilier), goût qu'il tient de son grand-père dont il a hérité d'une goélette en bois. Malheureusement, l'histoire amoureuse des deux protagonistes n'échappe pas aux banalités du genre. Shamsa, aux débuts de l'idylle, renâcle devant la richesse de Léo ; elle n'est pas à vendre, dit-elle, mais comment résister devant un amour aussi torride.Malika Mokkadem écrit: « ... Lou, tes parents et moi sommes devenus comme ces romanciers encore écartelés par différentes versions d'une même fiction. Ils les déclinent l'une après l'autre jusqu'à ce qu'advienne cette voix dont ils reconnaissent aussitôt l'adéquation. Celle qui les met au diapason de leur univers, imprègne l'écriture et creuse son authenticité mot après mot.»


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