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Quand le rêve a un goût amer Fish n'chips d'Elias Demetriou projeté à Alger



Quand le rêve a un goût amer                                    Fish n'chips d'Elias Demetriou projeté à Alger

Les Britanniques adorent les fish and chips, le poisson et les frites, appelé aussi Fish Supper. Ce plat est érigé en symbole national.
Les Irlandais, les Canadiens, les Ecossais, les Danois, les Norvégiens et même les New-Zélandais en raffolent aussi. Le cinéaste chypriote, Elias Demetriou, s'est inspiré du nom de ce plat léger pour faire un mélodrame épais à texture demi-écrémée. Projeté dimanche soir à la salle Cosmos à Alger à la faveur des Journées du film méditerranéen, MediterraCiné, Fish n'chips a quelque peu ému une partie du public. Le film suit les péripéties d'Andy (Marios Ioannou,), cuisinier chypriote établi à Londres, et de son amie allemande Katrin (Marlen Kaminsky) et sa fille Emma (Anne Marie O' Sullivan). Andy, pour ne pas prononcer le prénom grec d'Andréas, est tourmenté par la douleur de sa mère qui perd la mémoire et qui veut rentrer au pays.
«Je veux être enterrée dans la terre sèche pas dans la gadoue», dit-elle. Fatigué par son travail dans les cuisines, Andy décide de rentrer à Chypre, un pays gorgé de soleil, où il s'installe chez son frère. Il projette, avec Katrin, d'ouvrir un petit restaurant en bord de plage pour y vendre' le fish and chips. Mais, il y a un problème : la bonne morue, celle qu'on trouve au large des côtes atlantiques du Royaume-Uni est introuvable. «On est en Méditerranée ici», lance le frère d'Andy. L'errance épisodique de la mère ne dissuade pas Andy de croire à un possible redémarrage, au rêve du retour, à l'éloignement de la froideur du Nord et au confort du chez soi retrouvé. Mais Nicosie n'est pas Londres, et les Chypriotes, qui adorent les crudités et les plats bien mijotés, ne sont pas de grands partisans des fish and chips. Le rêve vire vite au cauchemar, Emma et Katrin quittent le pays, et la mère, si perdue, retrouve la fatalité.
Servie par la musique mélancolique de Christina Georgiou, la fiction d'Elias Demetriou restitue toute la douleur de Chypre, pays écartelé entre deux identités, turque et grecque, et une présence britannique pesante. La partition de l'île a laissé des traces dans l'âme des habitants du bassin levantin. L'amnésie tourmentée de la mère d'Andy symbolise ce pays qui se recherche toujours. Elias Demetriou a réussi, pour la première fois dans l'histoire du jeune cinéma chypriote à tourner dans la partie turque dans le nord de l'île. «Souvent, certains migrants reviennent au pays et constatent que tout a changé et qu'eux-mêmes ont changé. Andy a échoué parce qu'il a voulu lancer quelque chose de nouveau à Chypre avec le fish and chips. Malheureusement, les Chypriotes, qui viennent de l'extérieur, ne se comportent pas en tant que tel. Les habitants locaux les considèrent alors comme des étrangers», a expliqué Elias Demetriou, lors du débat qui a suivi la projection du film.




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