Algérie

quand le Ramadhan fait fondre le marché Les producteurs de glaces en Algérie dans une mauvaise passe



En effet, la demande sur le produit atteint son maximum en été et l'intérêt des consommateurs diminue le reste de l'année.En plus, pendant le mois de Ramadhan les gens préfèrent consommer les sorbets qui sont préparés à partir d'une purée de fruits ou d'un jus auquel on ajoute un sirop de sucre et de l'eau plutôt que les crèmes glacées qui contiennent de la crème, du lait et des 'ufs. De ce fait, les producteurs de glaces prévoient une baisse importante de leur chiffre d'affaires cette année, surtout pour les crèmes glacées durant le mois de Ramadhan. Certains producteurs essayent quant à eux de s'adapter aux coutumes alimentaires des Algériens pendant ce mois sacré en se tournant vers les sorbets. C'est ce que nous a révélé un des producteurs professionnels de glaces sur le marché local qui sont au nombre de cinq après la cessation d'activité de Flipi. Il s'agit de Prima, Mazafroid, Gini, Casa del Gelato et Iper Glaces.
Approximativement, le marché de glaces algérien représente 25 millions de litres produits par an. Il s'éloigne beaucoup du niveau de production des plus gros producteurs mondiaux, en l'occurrence les USA, la Chine et le Canada avec des productions annuelles respectives de 61 millions d'hectolitres, 24 millions et 5 millions d'hectolitres. L'Algérie n'est donc pas un grand producteur de glace. Ce sont les pays où les glaces sont consommées toute l'année en tant que dessert et non pas seulement en tant que rafraîchissements en été qui le sont. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce ne sont pas les pays les plus chauds qui en sont les plus friands.
Les plus gros consommateurs de glaces sont bien les pays du Nord. C'est ce que révèle l'enquête sur la consommation de glaces dans le monde publiée sur le site planetoscope.com. En tête de liste on retrouve la Nouvelle-Zélande, avec une consommation annuelle de 27 litres par habitant, suivie des Etats-Unis avec près de 22,5 litres, viennent ensuite le Canada et l'Australie avec une consommation de 17,8 litres. La Suisse, la Finlande et la Suède suivent avec une consommation de 14 litres de glaces par an et par habitant. Loin derrière, on retrouve nos voisins tunisiens, qui ne consomment que 1 à 3 litres par an et par habitant, suivis des Marocains avec 0,3 à 1,5 litre consommé par an et par habitant.
5 millions d'euros pour une usine de glaces
En Algérie, le niveau de consommation de glaces est plus élevé dans la région Ouest, où 24% de la population est installée. «C'est là qu'on fait le plus gros du chiffre d'affaires», déclare Mouloud Melzi qui est à la tête de l'entreprise Eurl Mazafroid : une PME de 120 employés en saison estivale et entre 50 et 70 en dehors de la saison, spécialisée dans la fabrication des crèmes glacées, chocolat et biscuits depuis 2001.
L'entreprise produit 20 000 litres par jour en cycle normal et son chiffre d'affaires dépasse les 200 millions de dinars par an. Notre interlocuteur signale que son entreprise assure les livraisons pour le Centre (Alger, Boumerdès, Tipaza et Blida). Quant au reste des wilayas où l'entreprise est présente, soit 36 wilayas, celles-ci font appel à des distributeurs ayant leurs propres chambres froides et camions, tout en gardant un 'il sur la qualité du matériel, les conditions de transport et les zones de stockage, et ce, afin de maîtriser le produit.
En ce qui concerne les 12 wilayas que l'entreprise ne couvre pas, le manager explique qu'il s'agit du Grand Sud qui est difficile à atteindre. En plus, nous dit-il, il y a des wilayas où la population n'est pas assez dense pour pouvoir y investir, sachant que le coût de l'investissement dans une usine de glaces s'élève à 5 millions d'euros.
Par ailleurs, la question des approvisionnements semble poser problème aux producteurs de glaces dans le pays qui sont contraints d'importer l'ensemble des matières premières en l'absence de fournisseurs locaux. En effet, l'Algérie ne fabrique pas de poudre de lait et le lait frais est plus rare que cher. La graisse végétale, quant à elle, est en général fabriquée en Malaisie et en Indonésie. Les aromes sont importés d'Italie. «Même si on achète chez un distributeur local, les produits sont à l'origine importés, à l'exception des emballages qui sont fabriqués en Algérie», signale notre interlocuteur.
L'algérien ne consomme les glaces qu'en été
S'agissant des habitudes de consommation, celles-ci ont un peu évolué depuis 10 ans. «Si dans le temps on faisait à peine 1% du chiffre d'affaires en hiver. Ces dernières années, on arrive à dépasser les 5%. On y arrive mais difficilement», déclare notre interlocuteur. Il justifie son constat en rappelant que le peuple algérien a été éduqué de façon à consommer des glaces uniquement en été. En effet, dans les années 80 et 90, il y avait le système des machines à glaces soft et il était interdit de vendre entre fin septembre et début juin.
Les Algériens ont donc pris l'habitude de ne pas voir de crèmes glacées en hiver et de les consommer uniquement en été. C'est une habitude de consommation qui fait de la glace un rafraîchissement plus qu'un aliment ou un dessert. Les producteurs de glaces font donc face à un défi, celui de jouer la carte de l'innovation, en introduisant des produits gourmands qu'il est possible de consommer par tous les temps. Et ce, afin de varier les occasions de consommation et désaisonnaliser la crème glacée et ainsi, multiplier les situations de consommation en espérant pouvoir augmenter les fréquences d'achat.
Il est notable également que depuis 4 à 5 ans le consommateur algérien est devenu de plus en plus sensible à la qualité et à la diversité du produit qu'il consomme. Il serait à la recherche d'un produit plus noble et plus riche, quitte à payer plus. Pour le format individuel, les prix varient entre 15 DA et 30 DA livraison au détaillant. Les bacs dans les environs de 500 à 600 DA.
C'est ce que nous a déclaré le 1er responsable de Mazafroid qui confirme que son entreprise, qui occupe la 3e position sur le marché en termes de production, peine à progresser en termes de parts de marché. «On est jugés sur un critère de prix alors qu'on est dans une gamme de qualité. On a la plus grande diversité de produits : 124 parfums différents. On a des produits uniques ce sont des produits propres à ITAL CREM comme le Biscotto et le Biscobon», affirme notre interlocuteur.
De leur côté, certains producteurs de glaces professionnels se soucient de la conformité des produits qu'ils proposent aux normes et standards internationaux en termes de qualité, de santé et de sécurité. En effet, il existe de nouvelles normes sur le marché algérien garantissant des produits sains et de qualité. Il s'agit de la norme ISO 9001 qui est orientée vers le management de la qualité et la norme ISO 22 000 qui concerne la santé et la sécurité des denrées alimentaires, elle est donc orientée vers le produit.
Mazafroid, pour sa part, a obtenu les certifications pour les deux normes. L'entreprise en question dispose également depuis 2002 d'un plan HACCP qui est un outil de travail permettant d'identifier, d'évaluer et de maîtriser les dangers significatifs au regard de la sécurité des aliments.
Ce n'est que récemment, en janvier 2012, que le ministère de l'Agriculture a commencé à appliquer l'HACCP sur les gros transformateurs de lait. Mais cette pratique peine à être généralisée car il y a plus de pédagogie que de répression, d'après nos sources.


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