Algérie

Quand le Qatar fait la chasse aux produits du CCG



Ultime épisode du bras de fer qui l'oppose à ses ex partenaires du Conseil de coopération du Golfe, le Qatar a ordonné hier à tous les magasins de faire disparaître de leurs rayons les marchandises estampillées «production» des pays, conduits par l'Arabie saoudite, qui, en 2017, ont rompu leurs relations diplomatiques avec lui, puis lui ont imposé un boycott «impitoyable». Cette directive du ministère de l'Economie s'applique donc à partir d'aujourd'hui aux produits en provenance de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Bahreïn et de l'Egypte. Les autorités ont prévu des contrôles sévères puisque des inspecteurs seront habilités à débarquer sans crier gare dans les différents commerces pour veiller à une application rigoureuse de cette instruction ministérielle. Officiellement, la mesure obéit au souci de réguler le marché et de mettre fin à l'importation de produits «déjà disponibles en abondance», comme les produits laitiers essentiellement saoudiens.La communication gouvernementale est catégorique, l'objectif majeur de cette décision a trait, d'abord et surtout, à «la protection des consommateurs» qui, situation oblige, est devenue subitement une question de sécurité nationale. «Le Qatar mène sa politique commerciale conformément à tous ses accords multilatéraux et bilatéraux», a voulu souligner la même source. Mais le hasard, lui aussi, s'en est mêlé puisque dans une semaine environ, Doha va pouvoir «célébrer» le premier anniversaire de la subite et sérieuse confrontation avec l'Arabie saoudite et ses alliés. C'est en effet le 5 juin 2017 que l'Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l'Egypte ont annoncé la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, lui reprochant, entre autres griefs, de soutenir des groupes terroristes et des mouvements islamistes radicaux, mais surtout d'entretenir des rapports subversifs avec l'Iran, puissance rivale de l'Arabie saoudite dans la région. N'obtenant pas de réponse satisfaisante du petit, mais richissime Emirat qui dénonçait une tentative de régenter sa politique extérieure, les Saoudiens et leurs alliés ont décrété un boycott commercial dont on constate, un an plus tard, qu'il n'a, en fin de compte, qu'un effet dérisoire, Doha n'ayant à ce jour donné aucune suite aux accusations dont il fait l'objet et recherchant avec succès le soutien des capitales disposées à damer le pion à ses détracteurs. Rompant avec une longue tradition de dépendance vis-à-vis de l'Arabie saoudite et des Emirats dont les ports accueillaient ses importations alimentaires, le Qatar a concentré celles-ci en Turquie, en Iran et au Maroc, principalement, tandis que la presque totalité de ses commandes internationales passe dorénavant par les ports du Koweït et de Oman. Divine surprise, les contrôleurs à l'affût des dérives qui vont être désormais sanctionnées ont découvert que les produits prohibés, parce que provenant des pays du CCG hostiles au Qatar, sont acheminés grâce à des transactions entre particuliers par les mêmes canaux, de sorte que les hommes d'affaires d'Arabie saoudite, des Emirats et d'Egypte parviennent à s'affranchir du blocus en traitant avec des homologues qataris. D'où l'urgence d'une riposte à la mesure de l'affront supposé. Shakespeare avait bien raison, il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark.


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