Algérie

Quand le présent devient otage d'une mémoire tourmentée



L'Algérie est un pays compliqué. Un pays problématique ; spécifique ; contradictoire. Elle est traversée par des crises profondes, des crises cycliques, des crises répétitives qui la ramènent souvent à sa condition d'otage de manipulateurs. Outre les séquelles du syndrome colonial, elle souffre d'Alzheimer identitaire dû à des facteurs historiques lequel, à défaut d'être soigné à temps, la plonge dans un coma mémoriel. Ce qui exacerbe les polémiques et les fausses batailles «claniques» qui n'arrangent ni les intérêts du peuple ni ceux de la collectivité, ni moins encore ceux d'un Etat déstructuré, «patrimonialisé», «privatisé», en sommeil, en inertie, en mort clinique. Pourquoi l'Algérie régresse-t-elle ' Mais parce qu'elle n'a jamais avancé ! C'est parce qu'elle est en déphasage avec elle-même, c'est parce qu'elle est incapable de se confronter dans la sérénité à sa mémoire, à son histoire, ses symboles, ses idéaux, ses rêves, ses espoirs...Le défaut de l'Algérie vient, en grande partie, de ses élites qui jouent souvent dans les temps des prolongations, au lieu de se sacrifier pendant tout le match! A l'arrière-garde des luttes sociales, ces élites-là se laissent influencer, tantôt par le luxe du pouvoir, tantôt par la dictature des masses.Ce qui fait qu'on a, d'un côté, les carriéristes appâtés par le gain facile et de l'autre les populistes soumis aux desiderata d la vox-populi. Les uns et les autres n'ont jamais pensé à construire un Etat de droit égalitaire, respectueux des libertés et des aspirations populaires, mais se contentent de disputer les dividendes de la rente sur le dos d'un peuple opprimé et dessaisi de son droit à l'autodétermination. Ainsi, éloigné du terrain du débat et des idées, notre identité est devenue meurtrière, source d'instabilité, de polémiques et de crispations de toutes sortes. L'institutionnalisation du mensonge aux plus hautes sphères, avec des tabous et des zones d'ombre, n'a jamais aidé à démythifier ni à démystifier une histoire minée par des contre-vérités.
Le divorce entre la base et le sommet de la pyramide y trouve un terrain fertile pour s'élargir et à creuser le fossé, déjà profond, entre les masses et les élites. Ouvrir une brèche pour discuter dans ce climat étouffant s'avère être un défi titanesque, impossible à relever, vu les pesanteurs idéologiques et partisanes qui jouent en défaveur d'une conscience nationale apaisée et réconciliée avec elle-même. Notre régression tous azimuts se conjugue à la faillite de nos élites. Ces dernières, accoutumées au récit oral d'une histoire souvent écrite par les autres, pataugent dans le mépris de soi, le déni identitaire, le refus de la vérité, la négligence du passé, la sublimation du légendaire, etc. Le malaise national n'a d'équivalent que notre abdication collective à nous assumer avec nos erreurs, nos ratages, nos vides générationnels, nos chutes dans le pertuis des haines, nos trébuchements, nos échecs et nos failles.
En conséquence, on ne peut parler ni écrire ni évoquer nos «légendes» et nos «épopées», vraies ou fausses fussent-elles, que dans le cadre tracé par ceux qui ont piétiné notre histoire. Or, seule une vraie histoire peut accoucher d'un vrai progrès, d'une véritable démocratie. «La première leçon de l'histoire, dit Hérodote, est de ne pas dire ce qui est faux, la seconde est d'oser dire ce qui est vrai»


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