Algérie

Quand le pouvoir recycle les méthodes du passé



Malgré la poursuite de la mobilisation populaire revendiquant le changement du système politique, le pouvoir persiste à vouloir organiser l'élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain. Et s'il présente cette échéance comme un premier pas vers un changement démocratique, il n'hésite pas à employer les méthodes du passé.Alors que le système politique clame qu'il n'a pas de candidat, il n'hésite pas à utiliser les mêmes méthodes pour appuyer le candidat Abdelmadjid Tebboune. Depuis quelques jours, les médias sont inondés de communiqués et d'appels pour un soutien à l'ancien Premier ministre. Il est vrai que les appels ne viennent pas des autorités. Mais la concomitance de ces appels, lancés notamment par fax, incitent à se poser des questions sérieuses. C'est le cas de ces communiqués envoyés hier à notre rédaction. Deux associations, d'apparences distinctes, qui ont envoyé un fax d'un même kiosque multi-services. Pis encore, les deux communiqués ont été rédigés de la même manière, avec les mêmes mots rappelant la multiplication des appels à soutenir l'ancien chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika.
Une sémantique à laquelle sont rompues les organisations qui gravitent depuis très longtemps autour du régime. Preuve en est qu'elle n'a nullement évolué. Bien au contraire, ces soutiens par réflexe travaillent par des opérations de recyclage à défaut d'imagination.
Ces faits s'ajoutent à la multiplication des appels, venant des anciens soutiens du président déchu, à soutenir l'ancien ministre de l'Habitat. C'est le cas de certains partis politiques et de personnalités qui ont toujours évolué dans le giron de la galaxie Bouteflika. S'agit-il d'actes spontanés ' La réponse à la question est délicate. Mais la concordance de ces sollicitations et leur contenu sont tellement identiques aux pratiques du passé que la question est plus que légitime.
Pour parvenir à ses fins, le pouvoir utilise tous les moyens. Y compris les moins "orthodoxes". À commencer par l'utilisation des lieux de culte pour faire la propagande électoraliste. Ainsi, le ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmahdi, a annoncé que la "mosquée ne passera pas à côté de l'élection présidentielle". Le membre du gouvernement, qui était cadre supérieur du même département ministériel durant le long règne d'Abdelaziz Bouteflika, a même promis que les fonctionnaires de son département allaient faire campagne en faveur du scrutin. Pis encore, il a carrément rendu "illicite" le fait de ne pas aller voter.
Cette potion a été expérimentée sous Bouteflika. L'ancien ministre Mohamed Aïssa avait même utilisé les mosquées pour faire la propagande en faveur du 5e mandat. Cela s'ajoute à la surutilisation des médias gouvernementaux dans la propagande organisée autour de l'élection présidentielle. C'est, en effet, à un véritable tapage médiatique que s'adonnent les médias lourds qui appartiennent au pouvoir.
Reportages, émissions de débats à sens unique et diabolisation de l'opposition sont les maîtres-mots de ces méthodes d'un autre âge.
On se croirait au bon vieux temps du règne d'Abdelaziz Bouteflika, les portraits de ce dernier en moins.
La rhétorique, l'évocation du péril étranger, du risque de l'effondrement de la situation sécuritaire sont autant de méthodes qui renvoient à cette époque dont les Algériens ne veulent plus entendre parler.
Mais comme le pouvoir est toujours le même, les méthodes restent toujours en place. Cela se confirmera au fur et à mesure que la date fatidique du 12 décembre approche.
Ali Boukhlef


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