En vingt ans, Sonatrach a consommé une douzaine de P-DG, dont la durée de vie de chacun à la tête de la compagnie n'a pu dépasser en moyenne les deux années. La crise de gouvernance que connaît le groupe depuis 2000 a plombé son avenir et ses capacités à faire face à des enjeux considérables, dont la hausse de la consommation interne, le vieillissement des gisements, le déclin de la production et le repli de l'investissement.Alors que le groupe commençait à peine à sortir la tête de l'eau, fin des années 1990 et début des années 2000, l'arrivée de Chakib Khelil à sa tête, en 2001, inaugurait un long épisode de mauvaise gestion qui aura duré une décennie, ponctuée de scandales de corruption qui ont failli mettre la compagnie à genoux.
Dès son arrivée au ministère de l'Energie et des Mines, novembre 1999, l'un des plus proches lieutenants de Abdelaziz Bouteflika racontait dans les couloirs du gouvernement que la privatisation de Sonatrach était inévitable. Après le départ de Abdelmadjid Attar de la direction de la compagnie, remplacé temporairement par Abdelhak Bouhafs, Chakib Khelil, par qui le malheur arrive, man?uvre dans les coulisses du cabinet présidentiel pour prendre le gouvernail de Sonatrach dès 2001, alors qu'il était déjà ministre de l'Energie et des Mines.
Près de deux années après, soit en 2003, il remet les clés de Sonatrach à Mohamed Meziane sans pour autant quitter totalement la chambre opérationnelle qui pilotait le groupe public des hydrocarbures. Après plusieurs années de mauvaise gestion et de scandales aussi retentissants que préjudiciables, les deux hommes quittaient un navire qui chavirait dangereusement et qui fonçait droit vers l'iceberg.
Le départ, en mai 2010, de Chakib Khelil du ministère de l'Energie et des Mines n'a pas empêché ses successeurs et les gouvernements dans lesquels ils siégeaient de perpétuer les mêmes pratiques qui se sont soldées par une dangereuse fragilisation du groupe Sonatrach.
Instabilité des lois et du management, injonctions, nominations politiques? Sonatrach devrait affronter la crise managériale la plus longue de son histoire, même après le départ du sulfureux ministre de l'Energie et des Mines.
Le groupe était appelé à faire face à plusieurs orages, souvent politiques, abandonnant peu à peu les objectifs en matière de production, d'investissement, de gouvernance, etc. Il était peu probable que ses patrons puissent construire des stratégies de moyen et long termes dans un environnement peu sécurisé, où les politiques avaient totalement la mainmise sur la gestion de la compagnie.
Par Ali TITOUCHE
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Posté Le : 01/03/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali TITOUCHE
Source : www.liberte-algerie.com