Algérie

Quand le mystère s'en mêle


Le réalisateur syrien Ghassan Shmait n'était sans doute pas obligé de sortir la grosse artillerie (au sens propre et figuré du terme), pour nous raconter son film Identité. Le film Identité, projeté hier, est un drame strictement familial sur fond de contestation de l'occupation israélienne au Golan. Il a d'abord mobilisé beaucoup de matériel militaire alors que l'intrigue tourne surtout autour d'une histoire d'amour intime entre un jeune homme et sa voisine, mais dont les parents refusent de sceller l'alliance parce que la fille est promise à son cousin.Conséquence : le jeune homme se suicide le jour du mariage et la fille finit sa vie en solitaire et dans l'oubli avant qu'un jour, 20 ans après ce drame qui se situe à la fin des années1960, après l'occupation, un homme vienne frapper à sa porte. Pour raconter cette histoire, le réalisateur va également utiliser un procédé de narration compliqué, heureusement, car c'est tout ce qui rend le film acceptable. L'âme du jeune homme (on l'imagine torturée et qui n'est donc pas apaisée) est réincarnée dans un autre corps, sous forme d'une mémoire superposée et c'est cette nouvelle entité qui va aller ou retourner (c'est selon) sur les lieux de cette mort doublement symbolique. Le prétexte sera le décès du père du suicidé, un notable du village qui est, par ailleurs, connu pour avoir résisté à l'occupation, l'information ayant été répercutée « au-delà » de la frontière.L'homme mystérieux s'embarque avec un groupe de chouyoukhs partis présenter leurs condoléances et assister à l'enterrement. Vu du village, le mystérieux inconnu vient effectivement d'un « au-delà » et toute l'histoire est condensée dans cette journée de voyage, mais restituée par bribes, comme les éclats d'une mémoire enfouie qui finit par refaire surface. Le réalisateur résout le problème en usant et abusant de flashs-back et de gros plans, car son histoire sera finalement racontée par plusieurs personnages et à plusieurs niveaux de mémoire. Cette stratification du récit opère comme une catalyse et donne de la consistance à une intrigue tout à fait banale. Au début du film, au passage d'un barrage militaire israélien, l'officier de service laisse passer le groupe mais exige que tous reviennent la même journée.Au retour, l'homme est accusé de fomenter des troubles et devait être emprisonné. Refusant cette fatalité, il s'enfuit en courant vers le village, sachant qu'on allait certainement lui tirer dessus, ce qui fut le cas. Le film s'achève ainsi, comme sur un deuxième suicide avec donc une autre possibilité de réincarnation plus tard. Dans son intervention lors du débat, le réalisateur, accompagné de deux interprètes du film : Kaïs Cheikh Nadjib et Saoussen Archid, a retenu cette option, en suggérant également d'interpréter le voyage au village comme une quête d'identité, mais c'est là où les choses se compliquent si, en plus, on devait tenir compte du discours politique prôné par l'auteur du film, qui a sans doute aussi joué sur les symboliques des noms comme Fawaz, Fouzi et Hayet : la victoire pour les deux premiers et la vie pour le dernier.
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