Algérie

QUAND LE LAIT TOURNE Moncef Wafi



QUAND LE LAIT TOURNE Moncef Wafi
Le gouvernement, en multipliant les interventions pour expliquer le pourquoi et le comment de la perturbation enregistrée dans la distribution du lait en sachet et la hausse de certains produits laitiers dérivés, semble prendre les devants pour ne pas être débordé sur cette question. Un gouvernement qui a appris ses leçons et qui décide d'intervenir en amont pour ne pas subir une crise «factice» et éviter un remake malheureux de sa s?ur, vieille de deux années, qui avait pour raison l'huile et le sucre.Pourtant, et tout en essayant de trouver une porte de sortie à ce dossier du lait, le gouvernement Sellal, à travers son ministre du Commerce, ne s'explique pas sur les autres augmentations qui ont touché, au début de cette nouvelle année, des produits dits de première nécessité. Argumentaire développé, enquête annoncée et décision de résorber une crise, qui n'en est pas une selon la version officielle, le département de Benbada dévoile de nouveau son incapacité à gérer un secteur où la spéculation s'est érigée en norme de gestion. Plus réactif qu'autre chose, le ministère du Commerce continue de subir, de plein fouet, les conséquences d'une non-maîtrise d'un marché qui échappe à tout entendement, reléguant le sacro-saint principe de l'offre et de la demande à la case subsidiaire.Ces interventions ponctuelles pour empêcher un produit de large consommation, quel qu'il soit, d'être le détonateur d'une révolte populaire renseignent sur le peu de professionnalisme de gens censés apporter les solutions aux problèmes quotidiens des Algériens. Pour revenir au lait, plusieurs explications et scénarios ont été avancés mais ce qu'il faut retenir de tout ce lexique c'est la mainmise de l'informel sur pratiquement tous les produits subventionnés ou administrés. Ainsi, l'ouverture d'une enquête par le ministère du Commerce pour déterminer les tenants et aboutissants derrière la perturbation dans la distribution du lait en sachet dans plusieurs wilayas du pays, dont Alger et Constantine, pose plus de questions qu'elle ne résout de problèmes. Une enquête encore réactive puisqu'elle est censée répondre à la polémique née entre l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) et différentes laiteries. Pour ces dernières, la faute incombe à l'ONIL qui aurait diminué les quotas habituels de poudre de lait qu'il distribue aux laiteries. Version démentie par l'Office qui jette un pavé dans la mare en affirmant que «toutes les laiteries, publiques ou privées, reçoivent leurs quotas normalement sans aucune restriction et cela depuis trois ans».Logiquement, si l'ONIL a fait son boulot en maintenant ses prix de vente malgré le cours en hausse à l'international, alors où sont passés ces quotas de poudre de lait ' Une question qui se pose d'elle-même dans l'espoir que les investigations ministérielles y répondent. En attendant, l'Etat gère la situation en payant le prix fort. Ainsi, l'Office vient de lancer un avis d'appel d'offres international pour l'importation de poudre de lait. En parallèle, Mustapha Benbada a mis en garde les professionnels contre un renchérissement non proportionnel à celui des marchés internationaux en déclarant que «la hausse des prix sera conjoncturelle», promettant qu'elle sera suivie d'une baisse après le recul des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Une déclaration de bonne intention, difficile à concrétiser puisque les prix en Algérie n'ont jamais reculé après avoir pris leur élan.




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