Algérie

Quand le juste diagnostic sert de prétexte à de fausses solutions



Quand le juste diagnostic sert de prétexte à de fausses solutions
Dans l'allocution prononcée le dimanche 13 mars lors de sa visite d'inspection dans la quatrième Région militaire, le vice-ministre de la Défense et chef de l'état-major, Ahmed Gaïd Salah, avait pour rappel dressé un constat sombre de la situation sécuritaire au Maghreb et au Sahel et averti que «ce que notre région vit actuellement comme troubles et aggravation de la situation sécuritaire augure sans doute d'issues défavorables sur la sécurité et la stabilité des pays de la région».Le constat fait par Gaïd Salah se justifiait pleinement car établi sur la base de sa lecture d'évènements intervenus presque au même moment en Tunisie et en Libye. L'attaque terroriste d'envergure lancée par Daech contre la ville frontalière tunisienne de Ben Gardane et la reprise des affrontements en Libye entre factions politico-militaires se disputant le pouvoir ouvrant la voie à l'intervention militaire étrangère dans ce pays avec tout ce qu'elle préfigure de conséquences néfastes et dangereuses pour les pays voisins.Sans nier que la situation sécuritaire de la région est effectivement préoccupante, d'aucuns dans le landerneau politique ont néanmoins soupçonné le chef de l'état-major de l'ANP d'avoir assombri le tableau qu'il en a fait et adopté un ton alarmiste pour favoriser le terrain à l'initiative lancée par le chef du FLN, Amar Saadani, consistant en la création d'un «front intérieur» destiné à faire barrage aux dangers qu'encourt l'Algérie du fait des menaces sécuritaires ayant surgi à ses frontières. Au vu de ce qui s'est passé peu de jours après l'alarmante allocution de Gaïd Salah, à Guemmar non loin de la frontière avec la Tunisie, puis à Kherichba dans le sud du pays, ils ont dû toutefois convenir que tout n'était pas «politicien» dans la mise en garde faite par le chef de l'état-major de l'ANP.Ce n'est pas pour autant qu'ils sont de ce fait disposés à rallier l'initiative du secrétaire général du FLN qu'ils ont rejetée en tant que tentative destinée à leur point de vue de perpétuer le statu quo politique mortifère qui paralyse le pays et l'a rendu vulnérable aux menaces qui le cernent. Ce n'est pas le principe de l'édification d'un «front intérieur» rassemblant les forces vives et agissantes de la nation qu'ils ont rejeté par leur refus d'adhérer à la démarche de Saadani. Nul acteur politique dans le pays ne s'est en effet inscrit contre la nécessité de fortifier l'unité nationale par la constitution d'un «front intérieur».Ce qui pose problème pour la majorité des acteurs politiques dans l'initiative de Saadani est qu'elle somme la classe politique et les citoyens à taire leur revendication de changement du régime dont la gouvernance et le bilan sont cause que l'Algérie est devenue extrêmement vulnérable aux tentatives externes et internes de déstabilisation. Qu'en somme il est exigé d'eux au prétexte de la «patrie en danger» d'arrêter de traiter le régime en question d'illégitime pour s'être maintenu par un viol de la Constitution et la fraude électorale et de prôner pour cette raison sa disqualification à pouvoir rassembler la nation autour de lui.Les diktats dont Amar Saadani est le porte-voix émanent du dessein de ceux qui l'instrumentalisent de réimposer à la société algérienne le culte du «guide suprême» dont pour l'intérêt du pays il ne faut contester ni la légitimité, ni l'omniscience et l'omnipotence qui font qu'il serait l'unique à même de sauvegarder la nation des périls qui la guettent.




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